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LE
DÉISME ANGLAIS
AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE
ET LORD BOLINGBROKE

I. Ch. de Rémusat, Histoire de la philosophie en Angleterre depuis Bacon jusqu’à Locke; l’Angleterre au XVIIIe siècle; Études et Portraits. — II. Leslie Stephen, History of English thought in the eighteenth century. — III. Robert Harrop, Bolingbroke ; a political study and criticism.

Deux livres récens ont remis en lumière un des personnages les plus intéressans et les plus complexes du dernier siècle, Henry Saint-John, plus tard lord Bolingbroke. Déjà, il y a une trentaine d’années, M. de Rémusat lui avait fait l’honneur d’une magistrale étude; voici que M. Leslie Stephen lui consacre quelques-unes des pages les plus piquantes de sa remarquable Histoire de la pensée anglaise au XVIIIe siècle, et M. Robert Harrop un volume qui, nous devons le croire, ne laisse plus grand’chose à dire sur le politique et l’homme d’état. L’impression qui résulte de ces deux derniers ouvrages, c’est que, décidément, la postérité a bien jugé en reléguant Bolingbroke dans le demi-jour d’une réputation secondaire. La vanité ne paraît pas un titre suffisant à la gloire. L’orateur dont William Pitt disait qu’un seul de ses discours conservé compenserait la perte de tous les chefs-d’œuvre littéraires n’était déjà plus lu, au témoignage de Burke, et ne l’est guère davantage aujourd’hui. Le chef de parti apparaît à distance comme un brouillon ambitieux qui ne peut se consoler de la perte du pouvoir, conspire