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Ce projet, comme tous ceux qui l’ont précédé, institue une direction spéciale pour la santé et laisse au chef de l’état le soin de déterminer le ministère auquel elle sera attachée. Il crée, près de cette direction, des inspecteurs-généraux, un conseil national composé de trente-sept membres et présidé par le ministre. Il établit des inspecteurs, des conseils départementaux siégeant au chef-lieu, sous la présidence du préfet et des commissions de la santé publique présidées par le maire, dans les centres de population de quelque importance.

Les dépenses qui résultent de ces créations sont supportées, pour une moitié, par l’état, et, pour l’autre, par le département, à titre de dépenses obligatoires. La direction nouvelle a, dans ses attributions, tout ce qui concerne la santé publique, à quelque titre que ce soit. Le projet de loi entre, à cet égard, dans des détails minutieux que je ne saurais reproduire ici. Il traduit d’une manière fidèle les vœux et les aspirations des hygiénistes français. Il s’est du reste inspiré de leurs travaux. On pourrait lui faire sans doute quelques objections ; mais il n’en constitue pas moins une excellente base sur laquelle les délibérations des chambres pourront avantageusement s’appuyer. Si, comme je n’en doute pas, celles-ci lui donnent leur assentiment, nous pourrons voir enfin appliquer en France les mesures de protection sanitaire dont l’utilité n’est plus contestée par personne, qui fonctionnent depuis longtemps à l’étranger et dont la mise en pratique n’est retardée chez nous que par l’indifférence des populations, l’esprit de routine et l’anarchie administrative. Si cette érection nouvelle est confiée à des hommes compétens et bien pénétrés de l’importance de leur mission, le pays ne tardera pas à en ressentir les effets : ils se traduiront par une amélioration notable dans son état sanitaire et par un abaissement de la mortalité proportionnelle aux efforts qu’on aura faits pour la réduire. Il faut espérer qu’alors nous ne serons plus, comme aujourd’hui, inférieurs sous ce rapport à l’Angleterre, à la Suède, à la Norvège et au Danemark, qui ne sont pas plus favorisés que nous sous le rapport du climat, de la race et du degré de civilisation.


JULES ROCHARD.