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temps reconnue. Deux ministères se partagent actuellement les attributions qui lui sont relatives. Celui de l’intérieur est chargé de l’assistance, celui du commerce et de l’industrie de l’hygiène proprement dite; l’agriculture intervient également dans quelques-unes des questions du même ordre. Le défaut d’entente qui résulte de ce partage paralyse les meilleures intentions et rend toutes les réformes impossibles.

M. le docteur A.-J. Martin a fait le premier ressortir les inconvéniens de cette anarchie administrative, dans un rapport qu’il a lu à la Société de médecine publique en 1880, et qui a reçu son approbation. Depuis cette époque, toutes les sociétés savantes ont adopté les idées qui en forment la base ; elles ont toutes émis le vœu qu’à l’exemple des pays étrangers, l’administration sanitaire civile fût confiée à une direction administrative autonome, compétente et responsable, aussi bien auprès du pouvoir central que dans les départemens[1]. Le travail de M. A.-J. Martin fut présenté à la chambre des députés sous forme de pétition et renvoyé, sur le rapport de M. Beauquier, au ministre de l’intérieur, qui s’en dessaisit pour le transmettre à son collègue du commerce. Celui-ci consulta le comité consultatif d’hygiène publique de France, qui lui présenta un projet de loi très étudié sur la réorganisation des services d’hygiène.

En 1882, M. le docteur Henri Liouville, dans son rapport sur le budget du ministère de l’intérieur, fit ressortir les inconvéniens d’une dualité qui n’existe qu’en France, et, le 21 juillet 1884, il déposa sur le bureau de la chambre une proposition tendant à faire cesser une semblable anarchie. Cette réforme a été réclamée au sein même de la chambre, au nom de la santé publique, par MM. Clemenceau et Paul Bert, à l’occasion de l’épidémie de choléra de 1884 et, plus tard, par M. Thomson, à propos du vote du budget de 1886. Plusieurs ministres, entre autres MM. Pierre Legrand et Waldeck-Rousseau, s’y sont montrés favorables. Enfin, à la séance du 22 juin 1886, MM. Siegfried et Chamberland ont déposé, sur le bureau de la chambre des députés, un projet de loi concernant l’organisation de l’administration de la santé publique, signé de cinquante de leurs collègues appartenant à tous les groupes politiques. Il a été pris en considération par la chambre, le 26 novembre 1886, sur la proposition de la commission d’initiative.

  1. Ce vœu a été formulé à trois reprises différentes par l’Académie de médecin deux fois par la Société de médecine publique et d’hygiène professionnelle. Il a eu reproduit dans les congrès des Sociétés protectrices de l’enfance, dans celui de l’Association française pour l’avancement des sciences, et enfin dans les congrès Internationaux d’hygiène de Paris, de Turin, de Genève et de La Haye.