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de 12 mètres, à moins d’être plantées comme les boulevards de Marseille, ou garnies d’arcades comme la Via-di-Pô à Turin. Dans le nord, au contraire, les nouvelles voies doivent avoir au moins 12 mètres de largeur.

Les progrès dus à la civilisation n’ont pas porté seulement sur les voies publiques ; tous les élémens de l’hygiène urbaine en ont profité. Il faut reconnaître, toutefois, que les améliorations apportées par les siècles dans la disposition de nos cités ont plutôt visé leur élégance et leur embellissement que leur salubrité. On s’est appliqué à les décorer beaucoup plus qu’à les assainir; on a sacrifié ce qui ne se voit pas à ce qui frappe les regards. Il en est encore de même aujourd’hui. A l’exception des villes de premier ordre, où l’édilité est au courant de toutes les questions qui intéressent la santé publique, les conseils des départemens et des communes ne se montrent presque jamais favorables aux dépenses que l’hygiène réclame.

Les municipalités votent, sans hésitation, des sommes souvent considérables et obèrent leurs finances pour construire des édifices qui flattent leur amour-propre; mais s’agit-il de creuser un égout, de faire disparaître quelque cloaque infect, de donner de l’air à de vieux quartiers, les bourses se ferment et le crédit est refusé. Je pourrais citer tel département qui a contracté des emprunts démesurés pour doter son chef-lieu d’une préfecture monumentale, dont la plus grande partie demeure inoccupée. Les salons de ce palais sont aux trois quarts vides, même au jour des grandes réceptions, et. pendant ce temps-là. les routes sont dans un état déplorable.

Ailleurs, c’est un lycée grandiose, un hôpital majestueux qu’on élève. Parfois, c’est la statue d’un grand homme, ne dans la ville, qu’il s’agit d’ériger à grands frais sur la place principale. Les villes, comme les particuliers, obéissent trop souvent aux suggestions de la vanité. Cela tient, il faut le dire, à ce qu’elles ne connaissent pas la nécessité des mesures réclamées par l’hygiène et qu’elles ne s’y intéressent pas. La façon dont a été exécuté l’arrêté du 18 décembre 1848 donne la mesure exacte de cette insouciance. Il a, comme on le sait, institué des conseils d’hygiène publique et de salubrité dans tous les chefs-lieux de département et d’arrondissement, et des commissions facultatives dans les chefs-lieux de canton. Ces conseils ont pour mission d’éclairer les préfets, les sous-préfets et les maires, par lesquels ils sont présidés, sur tout ce qui peut intéresser la santé publique. Ils doivent, aux termes de l’arrêté, se réunir au moins une fois tous les trois mois et faire chaque année un rapport sur l’ensemble de leurs travaux ;