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LES
COMMENCEMENS D’UNE CONQUÊTE

VI.[1]
LE GOUVERNEMENT DU MARÉCHAL CLAUZEL (1835-1836)
MASCARA — TLEMCEN — LA TAFNA — LA SIKAK.


I.

« Avec l’ardeur d’un sous-lieutenant, écrivait vingt années plus tard le général Changarnier, le maréchal Clauzel en avait, à soixante-trois ans, l’imprévoyance. Habile dans le maniement des troupes, ferme en face des difficultés parfois imprudemment provoquées, équitable et bienveillant dans l’exercice du commandement, même à l’égard des hommes qui, dans la vie politique, auraient été ses adversaires, il était aimé des officiers, même des soldats, quoique négligent, non indifférent, il ne donnât pas assez de soins au bien-être de ces généreux instrumens de sa gloire. Incomplet, inégal, mais doué de rares facultés, il est, de tous les hommes de guerre que j’ai vus de près, celui qui m’a le plus instruit par ses défauts comme par ses grandes qualités. »

Profondément troublé par le désastre de la Macta, Alger attendait avec impatience le maréchal Clauzel. Quand il débarqua, le 10 août 1835, sur le quai de la Marine, d’où il était parti, quatre-ans et demi

  1. Voyez la Revue du 1er janvier, 1er février, Ier mars, 1er avril et 15 mai 1885.