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et le public financier s’est ému du fait que la chambre syndicale n’eût pas cru devoir prendre depuis longtemps déjà les mesures nécessaires. Les valeurs sur lesquelles les engagemens restant en souffrance avaient le plus d’importance sont l’Italien, l’Extérieure et la Franco-Algérienne, de très grosses opérations de report avaient été faites hors marché sur des stocks de ces divers titres. La chambre syndicale s’est décidée à couvrir les opérations régulières de la charge de l’agent dont les embarras venaient de se révéler au grand jour, mais elle a décliné toute responsabilité en ce qui concerne les opérations sortant du cadre régulier et professionnel.

Ce regrettable incident de Bourse a coïncidé avec l’éclosion dans la presse anglaise et allemande de toutes sortes de bruits plus ou moins précis, présentant comme imminente une guerre entre l’Allemagne et la France. Où ces bruits avaient-ils pris naissance ? Sur quels motifs plausibles étaient-ils fondés ? Nul ne le pouvait dire. Ils n’en ont pas moins causé une impression assez vive sur le marché pour déterminer à de nombreuses réalisations les spéculateurs haussiers que les incidens de la liquidation venaient de jeter déjà dans l’inquiétude.

Il s’est donc produit une réaction importante sur les cours cotés au milieu du mois. La rente 3 pour 100, sur laquelle a été détaché, le 16 un coupon trimestriel, a perdu une unité pleine, tombant de 83.25 à 82.25. L’emprunt, sur lequel le dernier versement va être effectué en janvier, et dont les titres seront alors complètement assimilés à ceux de la rente ancienne, a reculé de 83.75 à 82.80 ; l’amortissable, moins atteint, n’a perdu que 0 fr. 50 à 86.15 ; le 4 1/2 est en réaction de 0 fr. 60 à 109.85.

La chute a été encore plus forte sur quelques fonds étrangers et sur les diverses valeurs que la spéculation avait le plus vivement poussées depuis le mois de septembre dernier. L’Extérieure a baissé de deux unités à 66 1/4, le Hongrois de 1 1/2 à 85 1/2, le Turc de 0 fr. 50 à 14. 70, l’Italien de 0 fr. 65 à 101.65, l’Unifiée égyptienne de 5 francs à 378, la Banque ottomane de 15 francs à 522. Les fonds russes, à peu près seuls, n’ont pas été atteints. Il est vrai que leur marché est surtout à Berlin, où jusqu’ici une spéculation très forte réussit à les maintenir aux plus hauts cours.

Les titres de quelques établissemens de crédit ont été atteints dans une proportion qui démontre trop clairement combien les capitaux de placement avaient eu encore peu de part dans la hausse dont ces valeurs avaient été l’objet. La Banque de Paris a fléchi de 807 à 770 ; la Banque d’escompte, de 552 à 515 ; le Crédit lyonnais, de 597 à 575 ; le Crédit foncier, de 1,442 à 1,425 ; le Crédit mobilier, de 338 à 312 ; la Banque parisienne, de 480 à 460 ; la Banque des Pays-Autrichiens, de 516 à 495.