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REVUE LITTÉRAIRE

JULES SANDEAU.

Serait-ce donc vraiment une erreur de conduite, lorsque l’on fait métier d’écrire, que de cacher imprudemment sa vie? une sottise, que d’être modeste ? une duperie que de confier à ses œuvres le soin de sa réputation littéraire ? et la moitié du talent serait-elle enfin faite de charlatanisme ? c’est l’importune question dont on ne pouvait se défendre en écoutant l’autre jour, 16 décembre, à l’Académie française, les discours de M. Léon Say, sénateur, et de M. Edmond Rousse, naguère encore bâtonnier de l’ordre des avocats. Eh oui ! sans doute, l’un et l’autre, l’homme politique et l’avocat, ils louaient décemment Sandeau, spirituellement même, s’ils le veulent, et non pas toujours sans justesse; mais, comme l’on sentait que leur pensée à tous deux était loin, bien loin de là, loin des lettres et loin de l’art, plus loin encore de l’honnête et aimable romancier qui n’avait jamais été ni voulu être que romancier! Songeaient-ils seulement à rappeler que ce fut lui pourtant, Sandeau, qui triompha le premier des préjugés de l’Académie et de l’opinion contre le roman ? lui qui ouvrit la brèche par où les Feuillet, depuis lors, et les Cherbuliez ont passé? Mais, en revanche, quelle place ils faisaient l’un et l’autre à About, puisqu’on le louait le