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existant ou concédé dans la régence. Cela représente environ 300 kilomètres, ou plutôt 250, car vraiment c’est un abus que de compter comme voie ferrée ouverte au public le petit chemin de fer Decauville de Sousse à Khérouan.

On devra d’ici cinq à six ans ajouter quelques lignes aux précédentes : les deux plus pressées sont celles de Tunis à Sousse, ayant une longueur d’environ 120 kilomètres, et de Tunis à Bizerte, qui peut avoir 75 kilomètres à partir de la station actuelle de Djedeïda. Si on les construisait à voie étroite, un capital de 20 millions, au maximum, représentant une garantie d’intérêts de 1 million pour le budget tunisien, suffirait amplement à l’œuvre. Il en coûterait 5 ou 6 millions pour transformer en voie ferrée régulière à voie étroite le petit Decauville de Sousse à Kaïrouan. Plus tard, le chemin de fer algérien en construction de Tébessa pourrait être prolongé à Gafsa et peut-être à Gabès ; mais il faudra attendre, car ce serait une imitation tunisienne du plan Freycinet, qui est pour beaucoup dans les embarras financiers de la France. On commence à s’occuper du réseau des routes. On a mis en état celle de Tunis à Carthage : on fait de même pour celles du Khef et de Béja à Tunis. Les phares ont aussi leur part ainsi que les ports : on a concédé, et on exécute celui de Tunis même. Un autre port aura une bien plus grande importance pour notre situation dans la Méditerranée, c’est celui de Bizerte ; la magnifique position de cette place doit en faire pour nous un Toulon africain. Il conviendrait d’y transporter les installations soit de Lorient, soit de Rochefort, nos arsenaux sur l’Atlantique étant surabondans. Mais cela regarde le budget français; nous ne pouvons pas plus faire supporter à la Tunisie les frais de nos établisse mens à Bizerte que les Anglais n’imposent à l’Arabie et à Malte les frais de création ou d’entretien de leurs places d’Aden et de La Valette. On a évité, en fait de travaux publics, l’emportement qui a causé tant de ravages dans les budgets continentaux. On a voulu édifier solidement les finances; c’était un plan judicieux qui a été heureusement exécuté.

La merveille de l’administration française à Tunis, c’est le considérable excédent des recettes sur les dépenses. On sait combien était délabré le budget du bey ; il ne pouvait payer qu’irrégulièrement et partiellement les intérêts de sa dette. L’opération, fort bien conçue, de la conversion de l’antique dette tunisienne en une dette nouvelle garantie par la France a sauvé les finances de la Tunisie sans coûter un centime à notre trésor. Le 4 pour 100 tunisien garanti est maintenant au-dessus du pair. Tous les derniers budgets se sont soldés par des excédens de recettes de 3 à 4 millions de francs. L’excédent du dernier budget courant, qui se termine au 13 octobre,