Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 78.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pendant ce temps, la Russie ne manifestait aucune intention de brusquer les choses en Bulgarie ; il n’était plus question d’une occupation au moins immédiate. Le gouvernement comptait sur le temps pour amener à composition les régens, et l’on se flattait que les choses, loin de s’aggraver avant la liquidation, prendraient, au contraire, une tournure plus décidément pacifique. L’empereur Guillaume, remis d’une indisposition assez sérieuse, quittait Bade pour rentrer dans sa capitale. Les dépêches le représentent allant à la chasse, au théâtre, recevant des visites, écoutant des rapports : la Bourse a cessé d’attendre chaque matin l’annonce d’une catastrophe.

Il est probable que les dispositions très résolues de la spéculation dans le sens de la hausse auraient produit un mouvement plus vif et des résultats plus substantiels encore que ceux qu’offre la comparai- son des cotes à quinze jours d’intervalle, si la Banque d’Angleterre, en élevant le taux de son escompte de 3 1/2 à 4 pour 100, n’avait placé les marchés du continent en face de l’éventualité d’assez sérieuses difficultés sur le marché monétaire. Aussitôt on s’est mis à parler retraits d’or, resserrement du crédit en liquidation, raréfaction des disponibilités, nouvelle hausse du taux de l’escompte, étranglement des acheteurs. L’émotion a été de courte durée. On s’est rendu compte des raisons spéciales qui avaient provoqué la mesure adoptée par la Banque d’Angleterre ; la liquidation de Londres s’est passée sans que la tension des reports ait pris des proportions exagérées; après Londres, Berlin a montré que les ressources étaient toujours abondantes et qu’il n’y avait à appréhender aucun des malheurs annoncés. On s’est rassuré à Paris, les cours se sont relevés, et, jusqu’à présent, le report sur le 3 pour 100 ne dépasse pas 0 fr. 15.

On jugera par le tableau suivant, qui ne comprend pas toutes les valeurs sur lesquelles le mouvement de reprise a porté, quelles modifications intéressantes se sont produites depuis deux semaines sur l’ensemble de la cote. Ce réveil des affaires, car il serait difficile de refuser cette qualification à l’activité déployée par les groupes et les syndicats actuellement à l’œuvre, paraîtra d’autant plus satisfaisant et plus plein de promesses pour l’avenir que l’on a encore le souvenir très n’cent d’une stagnation se prolongeant de mois eu mois, d’année en année.


¬¬¬

15 octobre. 29 octobre. Différence
Rentes françaises : 3 pour 100 82.15 82.72 + 0.57:
— nouveau 82. » » 82.57 + 0.57
— amortissable 84.80 85.40 + 0.60
4 ½ nouveau 110.10 110.60 + 0.50