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publique et donner une secousse vigoureuse à un marché passablement engourdi. La hausse s’est faite comme par enchantement, sans que le public y fût pour quoi que ce soit ; mais ce coup de tam-tam n’en a pas moins produit son effet. Le public s’est retourné pour voir de quoi il s’agissait et s’est aperçu qu’il y avait encore des titres d’établissemens de crédit échoués dans des cours avantageux et pouvant donner l’occasion de placemens rémunérateurs.

C’est maintenant à ces établissemens eux-mêmes à fournir la preuve que pendant ces années d’épreuve et de recueillement ils ont amélioré leur situation et se trouvent en mesure de travailler désormais avec fruit sur un terrain à peu près déblayé des ruines du krach. Si cette preuve peut être faite, le public peu à peu s’intéressera à la démonstration et répondra à l’appel que la spéculation lui adresse.

Un trait caractéristique et satisfaisant du mouvement est la part qu’y ont prise les valeurs des établissemens s’occupant d’opérations immobilières. Le sort de quelques-uns de ces établissemens a été fort précaire pendant un certain temps et leurs titres étaient tombés très bas. Le relèvement dont ils viennent de bénéficier est d’un heureux augure.

La Banque de France a été l’objet d’une hausse accentuée ; c’est que l’on s’attend à voir l’argent renchérir à bref délai, lors même qu’aucun événement grave ne viendrait troubler la paix en Europe.

Rien, à vrai dire, ne justifiait un brusque enlèvement sur le Lyon, le Nord et le Midi. Les recettes actuelles commencent à égaler celles des semaines correspondantes du dernier exercice, mais il ne se produit pas encore d’augmentation.

La compagnie des Chemins autrichiens va émettre prochainement à Paris une nouvelle série d’obligations. Da là une reprise très vive de l’action à Vienne et à Paris. Les chemins espagnols n’ont pas fait de nouveaux progrès. Leur hausse s’était produite en septembre. La hausse de 100 francs dont le Suez avait été gratifié à la fin du mois dernier n’a pu se maintenir intégralement. L’exercice 1886 laissera de toute façon une moins-value bien importante sur 1885.

Le conseil des ministres a décidé de maintenir les principales propositions du système de M. Sadi-Carnot pour l’établissement du budget de 1887, contrairement aux décisions adoptées par la commission. Le budget extraordinaire serait supprimé, la taxe de l’alcool surélevée, l’étude de l’impôt sur le revenu renvoyée à l’année prochaine. Le budget extraordinaire ne serait malheureusement supprimé qu’en apparence. Il renaîtrait aussitôt sous le nom de compte spécial pour dépenses extraordinaires d’armement, et si l’on en croit les bruits qui circulent, ce compte ne tarderait pas à être doté de 200 à 300 millions.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.