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Le ministre des finances ajoutait que, si ses propositions n’étaient pas adoptées, on se trouverait, pour 1887, en présence d’un déficit de 104 millions, indépendamment des 60 à 100 millions dont il faudrait doter le budget extraordinaire.

Ainsi le marché de nos fonds publics se trouvait sous le coup d’un second emprunt de 500 millions, alors que le premier, vieux de cinq mois à peine, était encore pour plus d’un trimestre en cours de versement. Il y avait dans ce seul fait de quoi rendre quelque courage aux vendeurs à découvert, si malmenés par la trahison des événemens depuis une année. De là ces timides efforts pour enlever 0 fr. 05 ou 0 fr. 10 aux prix si honorables atteints par le 3 pour 100.

La commission du budget n’a nullement goûté les projets de M. Sadi-Carnot. A l’unanimité des membres présens, très peu nombreux, il est vrai, elle s’est prononcée contre la suppression du budget extraordinaire et contre la conversion des obligations sexennaires, puis elle s’est mise à la recherche des voies et moyens pour parer au déficit de 104 millions, dénoncé par le ministre.

Les moyens abondent, car il n’a pas été présenté en quarante-huit heures à la commission moins de cinq systèmes différens pour obtenir les 104 millions. L’un de ces systèmes, celui dont la Bourse avait le plus à s’occuper, comporte une application restreinte, à titre d’essai de l’impôt sur le revenu. Tout d’abord le projet déposé dans ce sens excluait les rentes françaises de cette application, mais bientôt un amendement les y faisait rentrer. La taxe serait limitée à 1 pour 100, au moins la première année. De l’avenir nul ne peut répondre.

Le public financier certes ne saurait marquer la moindre satisfaction de l’établissement d’un impôt sur le revenu. Cependant l’atonie des affaires a été si grande que la proposition faite à la commission dans ce sens n’a pas même provoqué un mouvement quelque peu sensible sur la cote. Il faut reconnaître que la spéculation est absolument convaincue que la chambre n’acceptera pas, pour l’année prochaine, le principe d’une taxe, si minime qu’elle puisse être, sur les rentes françaises.

Aussi est-il probable que la liquidation se passera dans de meilleures conditions pour les acheteurs qu’on n’eût été porté à le supposer depuis quelques jours. Le détachement du coupon de la rente 3 pour 100 s’est effectué le 16 sur le cours de 83.55. Le prix ressortait donc à 82.80. On a reculé pas à pas jusqu’à 82.40, avec une longue station entre 82.50 et 82.60 ; puis, le dernier jour, quelques efforts ont suffi pour revenir à 82.57. Le 3 pour 100 et l’Amortissable ont fléchi de 0 fr. 20, le 3 pour 100 nouveau de 0 fr. 35, le 4 1/2 de 0 fr. 05 seulement.

Bien que la question des relations de la Russie avec la principauté bulgare occupe toujours l’attention des cabinets européens, et surtout