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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les rentes françaises ont fléchi légèrement à la dernière liquidation. Des banquiers avaient vendu de la rente ancienne et de l’emprunt pendant la seconde moitié de juillet, soit par hostilité contre rémission du Panama, soit parce que l’état général de l’Europe était de nature à causer certaines appréhensions. Les vendeurs ont livré les titres à l’heure du règlement. Il en est résulté une petite perturbation, une faible tension du report sur le 3 pour 100, et un recul de ce fonds de 83 francs à 82.65. De même, l’emprunt, qui s’était constamment tenu au-dessus de 82, a été ramené à 81.70. Enfin le 4 1/2, qui avait montré à plusieurs reprises en juillet des velléités de se rapprocher du cours de 111 francs, a vu le 1er août son coupon trimestriel se détacher en baisse, et s’est établi à 109 francs.

Pendant la première quinzaine d’août, les cours se sont relevés, les causes qui avaient provoqué la réaction ayant disparu. D’un côté, l’émission du Panama a réussi; de l’autre, l’entrevue de Gastein a dissipé toutes craintes de conflagration en Europe au moins pour l’instant; et une hausse très vive s’est produite sur un certain nombre de fonds étrangers.

Nos rentes ne se sont associées que très mollement à cette reprise. Le 3 pour 100 n’a regagné que 15 à 20 centimes à 82.85, l’amortissable 30 à 84.90, le 4 1/2 40 à 109.45. Sur l’emprunt, l’amélioration a été plus sensible, elle atteint 0 fr. 50 à 82.20. L’écart de prix avec le 3 pour 100 était exagéré. Quelques arbitrages ont corrigé en partie cette anomalie ; et la différence de cours entre les deux fonds, qui avait été de 1 franc en liquidation, ne dépasse plus 0 fr. 60.

La principale raison du peu d’effet qu’a produit sur nos fonds publics l’effervescence des fonds étrangers est le manque absolu d’affaires en spéculation et l’absence de la plus grande partie de la clientèle de la Bourse. Au comptant, les petites transactions, alimentées par les achats et les réalisations de l’épargne suivent leur cours régulier. A terme, l’inaction est complète.

Deux faits d’ordre intérieur et économique ont contribué cependant à rendre un peu plus ferme le marché de nos rentes. Le bruit avait couru que le ministre des finances était sur le point de publier un arrêté autorisant dès maintenant la libération anticipée des titres du