Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 76.djvu/919

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

depuis les beaux travaux de MM. Friedel et Ladenburg, et ne sauraient être séparés, au lieu que le bore, en dépit de quelques points d’affinité purement extérieurs, doit être écarté du silicium pour faire bande à part. Il y a cinq années cependant, une tentative a été faite par M. Etard pour reporter le bore à côté de l’azote et du phosphore, avec lesquels il n’est pas sans ressemblances, surtout au point de vue de ses dérivés.

En résumé, en dépit des progrès subséquens réalisés par la science, l’œuvre de Dumas n’a subi que des modifications secondaires.

De tout temps, on a divisé les métaux en communs et en précieux. Au moyen âge, ils furent nobles ou ignobles et, placé au sommet de cette hiérarchie féodale d’un nouveau genre, l’or fut déclaré roi et suzerain. Comme un métal précieux ne conserve sa couleur et son éclat que parce qu’il résiste à l’action de l’oxygène de l’air et n’est guère susceptible d’être rongé par les acides, et qu’au contraire ces deux agens altèrent à divers degrés la plupart des autres élémens métalliques, l’idée d’une classification pratique, fondée sur de semblables caractères, s’impose naturellement à l’esprit. C’est ce qu’entreprit de réaliser Thénard, qui rangea les métaux suivant une liste de sections s’échelonnant successivement depuis la première dont font partie le potassium et le sodium qu’on est obligé de conserver dans l’huile de naphte, jusqu’à la sixième, où brillent le mercure, l’argent, l’or, le platine. Ajoutons, afin de donner des exemples relatifs à des substances connues, que le magnésium, le fer, l’étain et le cuivre peuvent être choisis comme types des seconde, troisième, quatrième et cinquième section. Peut-être trop décriée par certains auteurs contemporains qui ont eu le tort de ne pas voir dans l’œuvre de Thénard un essai de classement artificiel analogue à la clé botanique de Linné, cette tentative déjà ancienne est reléguée dans beaucoup d’ouvrages de l’époque actuelle à des paragraphes intitulés : Historique. Du moins groupait-elle ensemble les corps dont la métallurgie est analogue, ce qui n’était pas sans utilité au point de vue de l’enseignement, sans compter plusieurs autres avantages secondaires, grâce auxquels elle figure encore dans les programmes.

Nous voici amenés à parler d’un autre sectionnement absolument empirique, mais très avantageux pour le chimiste analyseur. L’opérateur qui veut retrouver les métaux ou bases contenus dans un médicament, une roche, un minerai ou une couleur d’origine inorganique, commence par dissoudre le tout dans un véhicule convenable : eau, acide, alcali, etc. La liqueur obtenue est ensuite soumise à l’action successive de quelques réactifs, qui sont invariablement l’hydrogène