épiscopal de Harlem, et deux ou trois autres toiles, forment le total des peintures qui peuvent avec quelque sûreté être attribuées à van Mander. Malgré un certain éclat de coloris et la facilité de la composition, tous ces tableaux sont assez médiocres. Cependant ces œuvres bâtardes, bizarres et maniérées, maintenant si dédaignées, répondaient au goût qui régnait alors ; elles étaient très appréciées des amateurs.
Instruit, modeste et courtois, van Mander se voyait d’ailleurs recherché de tous pour la sûreté de son commerce et le charme de sa conversation. A force d’ordre, il était parvenu à élever honorablement une famille très nombreuse, car à sa mort, après avoir perdu trois enfans, il en avait encore sept vivans[1]. Peut-être même avait-il acquis quelque aisance, car vers la fin de sa vie, il s’était établi au château de Sevenberghen, situé entre Harlem et Alkmaar. Mais peu de temps après, nous le retrouvons à Amsterdam où, après une courte et douloureuse maladie dont il supporta bravement les souffrances, il mourait le 11 septembre 1606. Les derniers honneurs lui étaient rendus par une nombreuse assistance; la couronne de lauriers dont sa tête était ceinte, les élégies, les pièces de vers dont cette mort fut l’occasion, les regrets unanimes qu’il laissait parmi ses proches et ses amis qui l’avaient pieusement assisté pendant son agonie, sont autant de témoignages de la considération dont jouissait van Mander et que son caractère aussi bien que son talent lui avaient méritée.
Les rares tableaux de van Mander qui nous ont été conservés n’auraient pas suffi à recommander son nom à la postérité; ses écrits devaient plus efficacement plaider sa cause auprès d’elle. La pratique de son art n’avait pas absorbé toute son activité. Nous savons que de bonne heure les lettres avaient tenu une place dans son existence. Avec l’âge, cette place était devenue de plus en plus considérable. C’est dans sa retraite au château de Sevenberghen que van Mander commença à rédiger les ouvrages qu’il nous a laissés. Parvenu à la maturité de sa vie, il trouvait parmi les amateurs dont la sympathie lui était acquise l’occasion de conversations fréquentes sur les sujets qui l’intéressaient le plus. Sans doute ceux-ci l’avaient pressé de communiquer au public les idées dont ils avaient été les
- ↑ L’aîné de ses fils, qui porta le même prénom que son père, et qui fut peintre comme lui, est connu par les cartons de tapisserie qu’il fit d’abord pour Spierincx et pour la fabrique que celui-ci dirigeait à Delft. Plus tard, il était allé à Copenhague, où des commandes importantes du roi Christian IV l’avaient attiré, et où son fils se fixait après sa mort et laissait lui-même une famille qui y vivait encore à la fin du siècle dernier.