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l’entreprise et sur le programme des travaux qui doivent conduire à l’achèvement du canal dans les délais fixés.

La pensée maîtresse de ce document est que le canal doit être, quoi qu’il arrive, percé et livré au passage des grands navires, en 1889, à l’aide des 600 millions dont l’assemblée générale de 1886 avait autorisé la création. Pour M. de Lesseps, sa conviction est faite; l’œuvre sera terminée sur les plans primitifs et sans accroissement de charges. Il peut cependant survenir des incidens imprévus qui empêchent cette exécution totale. Dès maintenant, plusieurs combinaisons éventuelles sont mises à l’étude pour le cas où les circonstances obligeraient de faire pour le Panama ce qu’on a fait pour le Suez, c’est-à-dire de mettre le canal en état d’être inauguré et exploité à la date fixée et d’ajourner après l’inauguration les travaux de parachèvement.

Les explications que M. de Lesseps donnait ainsi à ses actionnaires sur les moyens que la compagnie compte adopter pour être en mesure de faire face à toutes les éventualités ont été constamment interrompues par des applaudissemens chaleureux. Un actionnaire a proposé de voter des remercimens à M. de Lesseps et de l’assurer du concours dévoué et de la fidélité inébranlable des porteurs de titres de Panama. Cette proposition a été adoptée par acclamation. Pas une voix dissidente ne s’est élevée. A la sortie de l’assemblée, l’assistance a fait à M. de Lesseps la plus touchante ovation. On a eu ainsi la preuve éclatante que, loin de s’affaiblir devant les difficultés auxquelles se heurte l’entreprise, l’union entre le promoteur du canal et ses actionnaires s’est encore resserrée. La confiance dans le succès final est entière de part et d’autre, et ce qui s’est passé à l’assemblée du Panama fait présumer l’issue heureuse de la souscription.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.