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l’emploi des machines verticales, malgré l’abaissement du pont d’acier. — Quant aux chaudières, en employant un type à flamme directe, à grandes surfaces, avec développement considérable de vapeur, on n’aura pas à craindre les mouvemens tumultueux et les entraînemens d’eau, et l’établissement de cet appareil évaporatoire s’accommodera également de l’abaissement du pont d’acier. — Comme les habitans d’une ville exposée aux projectiles de l’ennemi placent leurs objets précieux au plus profond de leurs demeures, nous mettrons aussi à l’abri de toute atteinte ce que nous avons de plus précieux, les organes de vie du bâtiment de combat.

Ces dispositions comportent un bâtiment de 8,000 tonnes environ, dont le tirant d’eau se rapproche de 7 mètres. Il y aura lieu de rechercher à quel tirant d’eau extrême correspondra l’abaissement de 2 mètres pour le pont d’acier et de combien il faudra le relever à mesure que le bâtiment laissera un plus faible emplacement disponible. La protection conservera encore de la valeur dans ces situations différentes. — La succession des idées, qui a réglé les positions très diverses des ponts d’acier dans la construction française semble partir d’abord du tir en bombe : le pont d’acier est alors au-dessus de la flottaison ; mais quand il s’agit de le baisser au-dessous de l’eau, on voit apparaître une hésitation marquée qui provient évidemment de la crainte de le voir traverser faute d’épaisseur suffisante. « On se fait bien une idée d’une voie d’eau par le côté, mais une voie d’eau par en haut troublera encore davantage le personnel chargé de manœuvrer dans les profondeurs du bâtiment. » c’est encore l’idée de la flottabilité qui revient, et c’est ainsi que la cuirasse de ceinture n’a pas cédé la place devant le pont d’acier, lorsqu’il a été abaissé au-dessous de la flottaison.

Les plaques verticales vont reparaître dans la protection de l’artillerie, de ses passages, et du poste de commandement. Il ne sera pas touché au blindage des canons, et une forte réserve de poids sera conservée pour le poste de commandement. Ce sont les deux seuls points au-dessus de la flottaison où la cuirasse verticale sera admise dans le nouveau bâtiment de combat ; on ne ménagera pas l’épaisseur dans cet emploi restreint de l’ancien mode d’armure; les chiffres donnent, du reste, de l’aisance pour se mouvoir.

De ces données va sortir un bâtiment de combat allégé et qui renfermera dans ses flancs la puissance que nous demandions à nos plus lourdes machines de guerre. Son apparition fera évanouir l’illusion que les faibles avaient pu concevoir d’une sorte d’égalité vis-à-vis des forts.

Sans doute, il est beau pour le faible de lutter contre l’injustice triomphante. Mais l’attitude d’une nation, même petite, n’est