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la vie à cette individualité guerrière que les nations maritimes ont personnifiée, il faut bien sortir du mode de protection que nous avons décrit pour assurer la flottabilité et qui accepte la destruction partielle des parois ; il faut dérober ces organes ou les garantir par le blindage.

A cet effet, le pont d’acier, qui est, à vraiment parler, un blindage horizontal, sera descendu franchement à 2 mètres au-dessous de la flottaison, sur les côtés ; le milieu, disposé en dôme, restera à 1m, 50 au-dessous de l’eau. — Il est fait toutes réserves pour les bâtimens de faibles tirant d’eau et de formes fines. — Les projectiles de grosse masse ne sont pas capables de pénétrer dans l’eau à plus de 0m, 90 ou de 1 mètre; en admettant qu’au moment où la muraille est atteinte, le bâtiment la découvre par un coup de roulis, il y a peu de chances dans un combat, qui suppose toujours un temps assez maniable pour que la somme de ces deux effets, de la pénétration et du roulis, atteigne 2 mètres. La machine, les chaudières, la barre du gouvernail, sont donc à l’abri de tout coup qui arriverait par les côtés. Il resterait le tir en bombe, les tirs obliques et d’enfilade. La flottabilité étant assurée de bout en bout, le pont d’acier sera supprimé sur tous les points où il n’y a pas d’organes fragiles à protéger; il n’existera qu’au-dessus des points que l’on a nommés. Mais là il sera porté à cette épaisseur de 0m, 14, qui est jugée nécessaire pour qu’il rende ses effets de protection, et que l’on n’a pas osé encore aborder, limité qu’on était par la question du poids. Le fractionnement du pont d’acier entraînera l’établissement de traverses cuirassées qui n’auront pas moins de 0m, 300 et qui pourront être portées à 0m, 400. Ces augmentations de poids qui donnent à la machine, aux chaudières et à la barre une immunité complète, seront compensées dans une proportion qui se rapproche de l’égalité par la suppression du pont d’acier dans les autres parties du bâtiment. On peut voir que la protection est cherchée ici par la combinaison de la loi qui régit la pénétration des projectiles, avec l’emploi d’une défense horizontale métallique que le projectile ne peut pénétrer qu’avec un effort bien plus considérable que lorsqu’il est lancé contre une muraille verticale. Même dans un ordre d’idées qui n’est plus celui des corps élastiques, la flottabilité permet, par voie de conséquence, de chercher la protection en évitant l’attaque directe et en économisant les poids. — Il n’y a rien d’impraticable dans l’établissement des machines et des chaudières sous un pont d’acier placé à 2 mètres au-dessous de la flottaison en abord, surtout si l’on revient à l’adoption des trois hélices qui figuraient sur le plan primitif du Brennus. — Les hélices, étant plus petites, sont actionnées par des machines moins fortes ; il y a là une suite de dispositions qui s’enchaînent heureusement et qui rendent possible