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ou l’éperon dans les coups obliques se referment d’elles-mêmes, automatiquement, sans que l’homme ait besoin d’intervenir ; qui garantit même, dans une certaine mesure, la première cloison intérieure contre le souffle des gaz des projectiles chargés et des torpilles, mais qui ne suffira pas toujours contre certains effets de dislocation produits par l’éperon dans le coup droit et de dispersion produits par les torpilles. Alors, en second plan, et comme un palladium, l’encombrement constitué par un corps léger facile à arrimer, et de poids invariable.

En combinant ces deux modes de protection, l’esprit accepte la conception du bâtiment à assiette invariable, et il la voit possible, à la condition, cependant, que le constructeur pourra manier des volumes d’une certaine étendue ; car, sans cavités closes à encombrer, pas d’encombrement, partant pas d’insubmersibilité à l’abri de deux redoutables épreuves : on retombe dans la flottabilité obtenue par la division en cellules, et c’est une combinaison fragile et précaire. Malgré l’opposition apparente de mots, le bâtiment doit posséder une certaine capacité pour être invulnérable dans sa flottabilité, c’est-à-dire dans son existence même. Tout bâtiment petit, s’il est joint, est destiné à être brisé comme verre.

Une autre raison conduit à relier l’idée d’une capacité étendue à celle de la flottabilité de guerre à assiette invariable, c’est la nature du mode de protection que l’on vient de définir : l’obturation et l’encombrement sauvegardant le corps flottant dans son volume et non pas dans ses parois.

La base même du nouveau bâtiment de combat, c’est la faculté de ne pas couler, c’est l’existence assurée, et cette condition vitale s’applique aux bâtimens spécialisés, qu’ils soient béliers, torpilleurs ou armés de canons, comme elle s’applique à la machine énorme d’ordre composite, où les trois modes d’attaque ont été accumulés. Mais ni l’obturation, ni l’encombrement, qui, par leur combinaison, assurent la flottabilité de combat, ne mettent les organes nobles du bâtiment à l’abri de la destruction. La substance légère, qui donne une sécurité que les lourdes masses de fer et d’acier sont incapables d’établir, n’empêche pas les projectiles de détruire les parois elles-mêmes et de les traverser comme une cible mince. Après avoir établi sur l’océan une planche insubmersible, elle est nulle pour préserver les organes qui l’animeront par la marche et par la direction : en d’autres termes, elle assure à la machine et au gouvernail les moyens de rendre tout leur effet utile sur un corps flottant dont les lignes d’eau resteront inaltérées ; mais elle laisse ces organes exposés à la destruction.

C’est ici que se découvre l’harmonie parfaite du nouvel édifice ; les idées s’y tiennent et s’y prêtent une aide mutuelle. L’emploi