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avenant des salles de cours sont nécessaires à la santé morale des enfans autant qu’à leur santé physique, on a remarqué, avec justice, un projet très simple de M. Triau pour une École de garçons de Châteaudun. Tous les services de l’école y semblent assurés, avec ordre, dans une série de pavillons modestes, dont la construction exprime honnêtement la destination. En outre, la disposition des deux cours de récréation réunies entre elles par un préau couvert et terminées à chacune de leurs extrémités par des allées d’arbres paraît y avoir prévu les meilleures dispositions d’air, de lumière, de chaleur pour tous les temps et pour toutes les saisons. Ceux qui connaissent les établissemens scolaires en Angleterre, en Belgique, en Suisse, en Allemagne savent combien il nous reste à faire dans cet ordre d’idées pour assurer aux enfans et aux jeunes gens, dans les conditions si diverses qu’exige la diversité de nos régions, le bien-être hygiénique auquel ils ont droit, dans le Nord comme dans le Midi, dans l’Ouest comme dans l’Est.

Les hôtels et les villas particulières offrent des thèmes plus libres à l’imagination des artistes. M. Cuvillier s’est souvenu à la fois de la renaissance française et de la renaissance flamande pour construire un hôtel sur l’avenue de Wagram ; il a donné à cette construction, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, un aspect à la fois très brillant et très confortable. Pour les villas, selon qu’elles doivent s’élever sur les côtes de la Méditerranée ou dans les verdures de Normandie, il en faut naturellement modifier les élémens et le style. Comme on le peut voir dans les dessins de M. Sauvestre et de M. Villevieille, on s’y inspire volontiers, de plus en plus, de notre architecture urbaine ou rustique du XVe siècle, et l’on a grandement raison. Si la construction des édifices religieux périclitait alors par suite d’ambitions excessives, la construction des logis, manoirs, et autres édifices civils gardait une sincérité charmante et prenait une élégance sobre qui peuvent encore aujourd’hui nous servir d’exemples.

Les salles de la gravure, bien éloignées des salles d’architecture, sont à l’autre extrémité du palais. La même solitude y règne d’ordinaire, solitude également imméritée, car là aussi l’effort est constant et le talent considérable. Ce ne sont pas seulement les genres populaires, ceux que notre grande consommation de livres illustrés encourage et soutient, tels que la gravure à l’eau-forte et la gravure sur bois, qui acquièrent chaque jour des perfectionnemens inattendus et qui deviennent, entre les mains d’un grand nombre d’habiles gens, des moyens aussi rapides qu’ingénieux soit de traduire des œuvres de peinture, soit d’exprimer des conceptions personnelles ; c’est encore la lithographie qui s’efforce de