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LA
QUESTION DES TORPILLEURS

I.
LES TORPILLEURS EMPLOYÉS COMME GARDES-COTES.

Plus de vaisseaux ! Des torpilleurs ! tel est le cri que font entendre ceux qui, se laissant éblouir par le côté le plus saillant de la guerre navale future, et trop impressionner par le plus émouvant des épisodes qu’elle pourra nous offrir, ne tiennent pas un compte suffisant de toutes les conditions si diverses qu’une marine militaire doit remplir, de tous les services auxquels elle doit satisfaire. Les succès obtenus par les torpilles portées contre les navires au mouillage, turcs ou chinois, dans les récentes guerres, aussi bien que les expériences faites dans nos ports, ne leur laissent aucun doute sur les succès certains des torpilles automobiles contre les bâtimens en marche, à la mer, à quelque nation qu’ils appartiennent. Ils ne paraissent pas songer aux mécomptes auxquels on doit s’attendre dans la pratique de théories dont l’épreuve seule d’une guerre peut nous montrer sûrement les résultats et qui, jusque-là, ne reposent que sur des suppositions, sur des inductions et sur des raisonnemens.

Toujours entraînée par les idées nouvelles résumées dans des aphorismes précis et faciles à saisir, l’opinion publique, à la suite