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25 juillet, approuve que les chambres se réunissent le 3 août, et il veut espérer qu’elles rétabliront la tranquillité en France.

« Le roi attendra ici le retour de la personne chargée de porter à Paris cette déclaration.

« Si on cherchait à attenter à la vie du roi ou de sa famille ou à leur liberté, il se défendra jusqu’à la mort.

« CHARLES. »

« Fait à Rambouillet, le 1er août 1830. »


Cette déclaration fut remise au Palais-Royal, dans la nuit du 1er au 2 août, à une heure après minuit, par M. le général Alexandre de Girardin.

M. le duc d’Orléans ne pouvait accepter, ce jour-là, ce qu’il avait refusé la veille. Les raisons étant les mêmes, il fit la même réponse ; mais l’acte de Charles X étant un fait et non plus une simple proposition, un fait officiel et public, la réponse dut prendre le même caractère. M. le duc d’Orléans rédigea, avec le concours de M. Dupin, un simple accusé de réception où il établissait avec soin qu’il était lieutenant-général par le choix de la chambre des députés. M. de Berthois partit à l’instant même dans une voiture aux armes de la maison d’Orléans, derrière laquelle était un valet de pied en livrée portant la cocarde tricolore. Il arriva à sept heures du matin à Rambouillet, trouva le roi dans son lit, lui remit la lettre du duc d’Orléans et ne reçut aucune réponse ni écrite ni verbale. C’est ce que j’appris de M. le duc d’Orléans au moment où je fus appelé, de bonne heure, dans son cabinet ; mais ce ne fut que le premier des incidens de ce mémorable 2 août.

C’était tout au plus, en effet, si cette réponse suffisait; l’orage, un moment calmé, recommençait à gronder autour de nous. Les clubs se relevaient plus menaçans et tumultueux que les jours précédens. Le comité central du XIIe arrondissement protestait contre les chambres de Charles X et réclamait un gouvernement provisoire ; la réunion dite Lointier nommait une députation pour sommer le lieutenant-général de déposer ses pouvoirs, et la fermentation devenait telle que M. Mangin lui-même vint engager M. le duc d’Orléans à tenir le Palais-Royal en état de défense et à ne négliger aucune précaution pour la sûreté de sa personne.

Mais ce n’était pas ce qui le préoccupait le plus. Il reçut avis que la vie du roi n’était pas en sûreté à Rambouillet, que les populations rurales montraient les dispositions les plus hostiles, et qu’il y avait lieu de craindre une attaque contre le château. Il fit aussitôt appeler M. de Mortemart pour aviser avec lui aux mesures à