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à raison de 15 francs par coupure de 3 francs de rente, un versement de garantie de 2,009 millions de francs. Les neuf dixièmes de cette somme ont été remboursés dès le lendemain de l’émission.

Le ministre s’était réservé le droit de statuer en ce qui concerne les souscriptions que la répartition aurait ramenées à 3 francs ou au-dessous de 3 francs de rente. Dans cette catégorie sont rentrées les souscriptions de 3 à 60 francs de rente inclusivement. Elles s’élèvent, en tout, à 217,837, à chacune desquelles « le résultat satisfaisant des mesures prises pour éviter l’abus des souscriptions d’unités m’a déterminé, dit M. Sadi-Carnot, à allouer 3 francs de rente, » soit en tout 653,511 francs. Le total des rentes à émettre étant de 18,947,368 fr., il restait à répartir 18,293,857 fr. entre le surplus des souscriptions. Cette répartition a été faite proportionnellement, à raison de 4 fr. 5725 pour 100 francs de rente souscrite.

Le gouvernement espagnol a émis, le 25 de ce mois, 340,000 obligations 6 pour 100 de l’île de Cuba, sur 1,240,000, que diverses lois récentes l’ont autorisé à créer, pour la conversion des anciennes dettes de l’île, remboursables à échéance rapide et pour la consolidation de la dette flottante. Ces titres rapportent 30 francs par an, nets d’impôts, remboursables au pair en cinquante ans à 500 francs, et émis à 422 francs, sont garantis par les revenus de l’île et par le trésor métropolitain. La souscription était ouverte en Espagne et sur diverses places étrangères, notamment, à Paris où la Banque de Paris et des Pays-Bas était chargée de recevoir les demandes. On dit qu’il a été demandé plus de 600,000 titres tant en Espagne qu’en France. On ne peut guère toutefois évaluer à plus de quelques millions le nombre de titres souscrits à Paris.

L’action de Panama, après avoir été précipitée à 400 francs par la divulgation des conclusions défavorables du rapport de M. Bousseau, chargé par le gouvernement français de l’éclairer sur la situation de l’entreprise, s’est ensuite relevée avec vigueur à ses anciens cours. Il ne paraît pas douteux que le rapport de M. Bousseau ne suit, en effet, contraire aux espérances que la Compagnie n’a cessé d’exprimer. Ce document établit que les travaux ne sont pas aussi avancés et que l’achèvement du canal offrira beaucoup plus de difficultés, demandera plus de temps et coûtera plus cher que ne l’ont affirmé M. de Lesseps et les ingénieurs de la Compagnie. Celle-ci, sur l’invitation du gouvernement, a nommé une commission technique pour préparer la réponse aux conclusions du rapport de M. Bousseau. En attendant les résultats de ce débat contradictoire, la question de l’autorisation d’une émission en obligations à lots reste nécessairement suspendue.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.