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sur la question des princes, le dépôt par le ministère d’un projet de loi qui ne pouvait contenter personne, le ton menaçant de la presse radicale et intransigeante, les décisions successives de la commission du budget relatives au budget des cultes, tous ces symptômes du fâcheux état d’esprit dans lequel sont revenus la plupart des députés républicains ont valu à nos deux rentes 3 pour 100 un recul d’environ 0 fr. 50. Mais, résultat plus déplorable encore du réveil des préoccupations politiques, les affaires se sont complètement ralenties ; au lieu de l’animation espérée comme suite naturelle du grand effort de l’emprunt, c’est de nouveau la réserve et le découragement qui dominent. On ne compte déjà plus sur la reprise des affaires.

Aussi la stagnation des cours est-elle complète sur le plus grand nombre des valeurs. Les actions de la Banque de France, du Crédit foncier, de nos grandes compagnies de chemins de fer, de la Banque de Paris et de presque tous les établissemens de crédit sont exactement aux mêmes prix qu’il y a quinze jours. Deux valeurs ont baissé sensiblement, le Gaz de 1,457 à 1,443 et le Suez de 2,120 à 2,102. Les Messageries maritimes ont monté de 17 francs à 572, les Voitures et la Compagnie transatlantique de 7 francs à 620 et 490.

Le ministre des finances a publié le 24 courant son rapport au président de la république sur les résultats définitifs de la souscription publique à l’emprunt de 500 millions. L’emprunt a été souscrit vingt fois 1/5 environ, par 248,407 parties prenantes, dont voici le classement’ : il y a eu 153,451 souscriptions de 3 francs de rente, 74,019 de 10 à 100 francs, 16,877 de 110 à 1,000 francs ; 3,324 de 1,010 à 10,000 francs et 736 au-dessus de 10,000 francs de rente.

Le ministre fait remarquer que le chiffre de 248,407 est loin de représenter le nombre réel des personnes qui ont pris part à la souscription, et que la portion de l’emprunt qui doit, être dès à présent, considérée comme définitivement classée, ou du moins attribuée aux petits capitalistes, comprend, indépendamment des demandes individuelles dont le chiffre est donné plus haut, une part considérable des souscriptions présentées par les maisons de banque et les établissemens de crédit.

Les bons du trésor en circulation la veille de l’emprunt représentaient une somme totale de 286 millions. Il en a été présenté à l’escompte en vue de la souscription, pour 181 millions, et ces bons ont coûté au trésor, pour la période qui s’est écoulée entre la date de leur émission et celle de leur remboursement, un intérêt moyen ressortant à 3.58 pour 100 par an, inférieur par conséquent au taux des rentes nouvellement émises, lequel ressort à 3.76 pour 100. Aussitôt après l’émission de l’emprunt, l’intérêt des bons a été abaissé au taux maximum de 1 1/2 pour 100 l’an.

Le montant des rentes souscrites a été de 401,819,513 francs, nécessitant,