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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai.

L’étrange représentation que ne cessent de donner à la nation française et au monde nos républicains, nos maîtres d’un moment, chambres et ministères, partis et factions ! Quand auront-ils épuisé ce que M. Thiers appelait, avec sa spirituelle et ironique sagesse, la corne d’abondance des fautes ? Quand auront-ils fini d’offrir ce perpétuel spectacle de violence et de puérilités, d’assouvir leurs haines et leurs convoitises, de détruire tout ce qui reste des traditions de la France, des institutions et des lois sans rien édifier ?

Ils ne se lassent pas, et si pour se reposer du travail qu’ils n’ont pas fait, ils se donnent quelques jours de vacances qui sont au moins pour le pays des jours de répit, ils se hâtent de prendre leur revanche à leur retour en nous ménageant quelque surprise de leur façon. Ils sont réunis depuis une semaine tout au plus, après un mois passé dans leurs provinces : croit-on qu’en revenant au Palais-Bourbon, ils aient d’abord songé aux affaires sérieuses, aux intérêts publics, aux souffrances de ce peuple dont ils parlent toujours ? Non, assurément, ce serait trop simple, Leur premier soin est de recommencer leur représentation agitatrice. Depuis qu’ils sont rentrés, ils ne sont occupés que de satisfaire leurs passions, de stimuler le zèle d’épuration des ministres, de voter des subsides pour leurs cliens des vieilles insurrections, de demander de l’argent aux contribuables pour rétribuer des fonctions jusqu’ici gratuites, — et surtout de sauver la république, qu’ils ont probablement la conscience de mettre en péril. Il y avait vraiment longtemps qu’ils n’avaient sauvé la république, cela remontait au moins à trois mois, avant les dernières vacances. Ils sont revenus bien à propos, — heureusement les voilà maintenant à l’œuvre, et, ne trouvant rien de mieux à faire, entre la suppression du budget des cultes, improvisée comme une drôlerie, et le vote d’une récompense nationale aux insurgés de février 1848,