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matière, mi-partie de droit des gens et de droit criminel, des principes tout nouveaux, et que je tiens pour être d’éternelle vérité. j’y reviendrai plus tard, lorsque je rendrai compte de la controverse engagée au sujet du droit de visite.

Ce premier numéro eut du succès, bien qu’il parût plus que sérieux.

Durant ces deux premiers mois de la session, la chambre élective n’était point, comme la nôtre, restée oisive ou à peu près. Les discussions engagées sur la validité des élections, discussions qui se prolongèrent du 8 au 22 février, avaient été très animées ; elles avaient pris, dès l’abord, le caractère d’un acte d’accusation dirigé contre les manœuvres et les méfaits du ministère déchu, et le ministère nouveau s’était vu placé, moralement, tout au moins, en demeure d’en prévenir le retour.


Cette disposition de la chambre s’était prononcée plus clairement et plus décidément encore par l’adoption, dans le texte de l’adresse, du fameux paragraphe qui portait en propres termes :

« Les plaintes de la France ont repoussé le système déplorable qui avait rendu illusoires les promesses de Votre Majesté. »

L’adhésion silencieuse du ministère à l’esprit qui l’avait dicté s’était manifestée peu de jours auparavant, par le choix de M. Royer-Collard, en qualité de président de la chambre, bien qu’il ne fût que le troisième sur la liste des candidats soumis à l’alternative royale. Encouragé par ce premier succès, l’élan libéral ne s’en tint là ni dans la chambre ni même au dehors. Plusieurs élections nouvelles étant devenues nécessaires, attendu les doubles choix, et les concurrens se présentant en foule, on vit, ce qui ne s’était pas vu depuis longues années et ne s’est guère vu depuis, on vit, dis-je, dresser en plein vent des hustings du haut desquels les candidats s’adressaient au public, exposant leurs principes, rendant compte de leur vie passée, prenant des engagemens pour l’avenir.

Ce fut le 30 mars, aux Champs-Elysées, dans le pourtour d’un café très fréquenté, que cette exhibition eut lieu; les spectateurs auditeurs y accoururent par centaines, et les journaux en rendirent compte comme ils auraient fait d’une séance officielle. Le général Mathieu Dumas donna le signal et s’en tira à la satisfaction de ce public improvisé ; et, tout inquiet qu’il en pût être, le ministère n’y mit aucun obstacle.

En même temps, les propositions les plus diverses pleuvaient sur la chambre ; la droite et le centre droit rivalisaient d’empressement patriotique avec la gauche.

Sur la demande de M. Bacot de Roman, la chambre, à l’unanimité, faisait tomber toutes les entraves apportées, dans la session