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ont cédé, l’Italie, paie également son tribut, quoique dans de moindres proportions, à la crise générale. L’importation des marchandises qui s’y élevait, déduction faite des métaux précieux, à 1 milliard 317 millions de francs en 1884, monte à 1 milliard 457 millions en 1885. Ici, contrairement à ce qui se passe dans la Grande-Bretagne et chez nous, l’importation s’est notablement accrue par suite de mauvaises récoltes. Tenant à cette cause fâcheuse, cet accroissement ne saurait être un bien. Quant à l’exportation italienne, les métaux précieux déduits, elle est tombée de 1 milliard 65 millions en 1884, à 946 millions en 1885, et quoique les mauvaises récoltes expliquent en partie cet écart, il convient de reconnaître que, dans une certaine mesure, la crise commerciale universelle y a contribué. Nous fatiguerions le lecteur sans grand profit si nous voulions accumuler les chiffres sur le commerce des principales nations du monde. Les statistiques de l’Allemagne, qui ne convertissent que tardivement, pour le commerce avec l’étranger, les quantités en valeurs, porteraient, elles aussi, la trace de la souffrance universelle. Les orgueilleux pays neufs, qui, avec la présomption de leur exubérante jeunesse, se croyaient à l’abri de toutes les maladies du vieux monde, se voient contraints d’avouer que leur prodigieux développement rencontre quelques obstacles et subit un ralentissement. De 723 millions de dollars, ou 3 milliards 904 millions de francs en 1882-83, l’importation des marchandises, aux États-Unis d’Amérique, a fléchi à 667 millions de dollars en 1883-84, soit 3 milliards 601 millions de francs. L’exportation américaine n’a pas été plus heureuse, car de 804 millions de dollars, ou 4 milliards 341 millions de francs en 1882-83, elle est tombée, en 1883-84, à 725 millions de dollars (métaux précieux non compris dans l’une et l’autre année), soit 3 milliards 915 millions de francs. Une réduction de 303 millions à l’importation et de 426 millions à l’exportation, voilà donc le spectacle que nous a offert, il y a deux ans, le jeune géant américain. L’année 1884-85, loin de réparer ces pertes, les a encore accrues. L’exportation des États-Unis est tombée, en effet, à 688 millions de dollars en 1885, ce qui représente une diminution de 200 millions de dollars ou de plus 1 milliard de francs depuis 1880. A l’autre extrémité du nouveau monde, une société nouvelle qui, elle aussi, peut se réjouir de sa plantureuse adolescence, la république argentine, lutte contre de graves embarras financiers et commerciaux.

On peut donc dire que, dans le monde, toutes les nations sont frappées. Quelles sont les causes de cet universel malaise ? Quelle est la durée qu’on lui peut assigner ? Quels sont les remèdes auxquels on doit recourir pour rétablir, aussi promptement que