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que de constater l’existence en ce lieu désert d’un site célèbre et l’épaisseur de l’alluvion produite jadis par la débâcle du lac de Phénéos. D’après elle, cette alluvion avait dû ensevelir les édifices sacrés; c’est ce qui fut vérifié. Ainsi, l’expédition française avait donné le mouvement; elle avait dégagé heureusement un angle du temple de Jupiter et assuré d’avance le succès des fouilles opérées par une mission allemande dans ces dernières années.

En 1847, quand fut installée l’école d’Athènes, créée l’année précédente, on ne pratiquait pas encore de fouilles dans les pays grecs ; on avait seulement déblayé et réparé quelques édifices chancelans. Les artistes, les historiens, les érudits faisaient des voyages de reconnaissance comme en font à présent les touristes et les amateurs. On s’en tenait aux restes d’antiquité visibles à la surface du sol; on n’allait pas au-dessous. Ce procédé élémentaire pouvait néanmoins fournir une assez belle moisson; car, outre l’aspect des lieux, qui ne change pas, et la géographie, qui tient tant de place dans l’histoire, des ruines imposantes, des édifices presque entiers et souvent peu connus s’offraient au voyageur. Le comte de Stakelberg avait publié un beau travail sur le temple de Phigalie et donné un exemple fécond. Le colonel Leake avait publié des descriptions précises, signalé une foule de ruines importantes et tracé les routes pour y parvenir. Seulement, en bon Anglais, il avait fait ses voyages au galop et dévoré l’espace. Il fallait moins de fougue et plus de patience pour mener à bien une étude approfondie sur quelque point que ce fût.

L’Ecole française d’Athènes fut le lieu où se firent, pour la première fois, des études de ce genre, c’est-à-dire d’un caractère réellement scientifique. On peut le dire sans rien ôter à la valeur des travaux de Lenormant ou d’Ottfried Müller, ni à celle de grandes œuvres comme le Jupiter olympien de Quatremère de Quincy. Ce bel ouvrage était fait, en grande partie, avec les textes des anciens auteurs; il contenait beaucoup d’hypothèses qui, depuis lors, ont été contredites par les faits. L’établissement en Grèce d’une administration régulière, imbue des principes de la civilisation, permit au gouvernement français de créer dans Athènes un centre d’études permanent. Quand nous y arrivâmes au printemps de 1847, la villa Médicis nous avait déjà devancés, et nous trouvâmes le savant et regretté architecte Paccard occupé à relever dans tous ses détails le Parlhénon. Peu après, il envoya à Paris une œuvre d’archéologie qui était en même temps une œuvre d’art; car elle faisait connaître dans sa réalité le plus parfait des monumens antiques et en donnait une belle et judicieuse restauration. La Revue des Deux Mondes en rendit compte dans un article qui, après quarante ans,