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reconstitués par M. Matheron, et sur lesquels nous tenons de lui des notions que nous ne saurions passer sous silence.

L’un d’eux, le « rhabdodon, » appartenait à l’ordre des dinosauriens, qui se distinguent par le mode d’implantation de leurs dents, fixées latéralement dans une rainure de l’os maxillaire, qui présente un seul alvéole pour toutes les dents. Celles-ci sont rayées verticalement, avec des stries saillantes aboutissant à des dentelures marginales. Ces dents trituraient sans doute les coques dures des fruits de cycadées et les parties nutritives du bois et des écorces. Le mieux connu des dinosauriens est « l’iguanodon » de Cuvier, qui vivait, au début de la période crétacée, dans l’âge wéaldien, et dont l’anatomie a été dernièrement déterminée à la suite d’une découverte exceptionnelle. Des squelettes entiers d’iguanodons ont été retirés, en Belgique, d’une fosse marécageuse où ces animaux étaient restés embourbés dans une vase noirâtre, parsemée de débris de végétaux décomposés. Grâce aux soins intelligens de M. Dupont, le musée de Bruxelles possède maintenant des iguanodons de 10 à 12 mètres de longueur, dressés sur leurs énormes pieds de derrière, appuyés sur une large queue qui leur servait de support et leur permettait de se tenir debout sur la vase molle, tandis qu’avec leurs membres supérieurs, beaucoup plus courts, ils embrassaient les troncs des arbres dont ils recherchaient les amandes comestibles. La taille du rhabdodon de Fuveau était à peu près la moitié de celle de l’iguanodon. — Dans un autre gisement de la même époque, M. Matheron a rencontré les restes d’un saurien gigantesque, d’un crocodilien ayant tous les caractères des animaux de ce groupe. Il différait pourtant des crocodiles actuels par la dimension réduite, dans le sens longitudinal, des vertèbres caudales par rapport à leur diamètre transverse, ainsi que par l’absence, à ces vertèbres, d’apophyse supérieure épineuse bien caractérisée. C’est là une structure qui dénote une queue relativement courte, déprimée dans le sens vertical, et des proportions générales plus ou moins trapues. L’examen des ossemens du corps et des membres prouve que l’animal fossile était plus haut et plus affermi sur ses pattes que les crocodiles vivans ; par conséquent, que ses allures étaient plus assurées sur le sol et plus redoutables vis-à-vis de sa proie. Il était pourtant aquatique, ainsi que le démontre la charpente de ses os, dépourvus de canal médullaire ; sa taille atteignait au moins 10 à 12 mètres de longueur. Il a reçu le nom d’hypsclosaurus, et l’on est en droit de lui attribuer les fragmens d’un œuf énorme dont il existe, chez le savant qui l’a découvert, de notables portions et surtout les deux calottes, en forme de coupole surbaissée, qui mesurent chacune environ 0m, 20 de