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un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin, et, de là, il se partageait en quatre branches... Et Iahvé prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Eden pour le travailler et le garder...


Selon notre rédacteur, la création de l’homme a donc lieu à un moment où la terre est encore sans pluie et sans végétation. Iahvé plante exprès pour l’homme un jardin qu’il fait arroser par un fleuve divisé en quatre rigoles. L’homme est seul, unique au monde, du sexe masculin, non sujet, à la mort.


Et Iahvé dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul; faisons-lui un aide semblable à lui. » Et Iahvé forma du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l’homme pour voir quel nom il leur donnerait, et tous les noms que l’homme leur donna, ce sont leurs noms. Et l’homme donna des noms à toutes les bêtes et à tous les oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, en tout cela, ne se trouva pas pour l’homme un aide semblable à lui. Et Iahvé fit tomber un sommeil profond sur l’homme, et il s’endormit, et Iahvé prit une de ses côtes et boucha le trou avec de la chair. Et Iahvé bâtit la côte qu’il avait prise de l’homme en femme, et il la présenta à l’homme. Et l’homme dit : « Celle-ci, pour le coup, est un os d’entre mes os et une chair de ma chair ; celle-ci sera appelée issa, parce qu’elle est prise de is. Aussi l’homme abandonnera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils seront une même chair. » Et tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, et ils ne rougissaient pas.


On sait la suite : comment le serpent, le plus rusé des animaux, induit la femme, puis l’homme, à enfreindre la prescription de Iahvé relativement à l’arbre dont le fruit ferait d’eux des élohim ; comment, leurs yeux venant à s’ouvrir, ils rougissent et se font des ceintures de feuilles de figuiers ; comment Iahvé, se promenant dans le jardin à la fraîcheur du jour, les confond. A la suite de cette forfaiture, le serpent est condamné à marcher sur son ventre et à manger la terre ; la haine est scellée entre lui et le genre humain. La femme est condamnée à enfanter dans la douleur; l’homme est condamné au travail et à la mort. s’il réussissait encore à manger du fruit de l’Arbre de vie, ce fruit lui rendrait l’immortalité. Pour prévenir ce second attentat, Iahvé chasse l’homme du jardin d’Eden et place à l’entrée du jardin les Keroubim et l’épée de feu tournant, pour que personne ne puisse plus prendre le sentier qui mène à l’Arbre de vie.

L’histoire humaine commence alors. L’homme appelle sa femme d’un nom araméen, Hawa « la donneuse de vie.» Iahvé lui-même leur