Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 74.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour enlever au roi Louis XVI et à ses ministres toute Frénière velléité de s’opposer à l’attaque contre Amsterdam, nouveaux états de Hollande donnaient l’ordre aux ambassadeurs des Provinces à Paris de transmettre au ministre des affaires étrangères un récit des heureux événemens arrivés dans leur patrie. M. de Montmorin, qui, quelques jours auparavant, affirmait à ces mêmes diplomates que le roi trouvait « l’invasion purement contraire à l’équité et soutiendrait la Hollande de toutes ses forces, » recevait une lettre pour lui apprendre que « les difficultés entre cette province et le seigneur prince stathouder héréditaire étaient terminées... que l’affaire de la satisfaction était sur le point d’être aplanie avec la cour de Prusse; que, par conséquent, il ne se trouvait plus d’ennemis. Leurs Grandes Puissances ne doutent pas que Sa Majesté ne prenne à l’heureux rétablissement de la tranquillité la part qu’elle a toujours témoigné de prendre à l’apaisement des troubles et à l’avancement de la prospérité de la province. »

Que répondre à ces déclarations aussi polies qu’ironiques ? Que répondre également aux émouvantes supplications qu’adressait au roi la ville d’Amsterdam, « cette ville qui ne saurait être indifférente à l’Europe, comme étant le soutien des Provinces-Unies? » La France avait laissé passer toute occasion de venir en aide aux patriotes. Les préparatifs tardifs qu’elle faisait pour soutenir son honneur ne pouvaient pas plus sauver Amsterdam que la Hollande. Le 23 septembre, en arrivant à Leymuiden, le duc de Brunswick y trouva deux députations ; l’une des états-généraux pour le prier de venir à La Haye recevoir des remercîmens publics ; l’autre de la ville d’Amsterdam pour discuter un accord. Le duc reçut d’abord les délégués des états, au-devant desquels il s’avança. Il fit appeler auprès de lui ceux d’Amsterdam. La ville, par une déclaration écrite, se disait prête à accéder aux résolutions des autres cités de la province, telles qu’elles étaient énoncées dans sa missive. Le duc après en avoir pris connaissance, répondit que les conditions proposées par Amsterdam n’étaient pas conformes à celles exigées par son maître et adoptées par les états. Il ne se refusait pas à accorder une trêve au conseil, pour lui permettre d’envoyer une députation auprès de la princesse d’Orange, qui venait d’entrer triomphalement à La Haye, aux acclamations de la populace. Le 28, eut lieu dans la chambre même de la princesse une réunion des principaux chefs orangistes. Le duc de Brunswick arriva sur les dix heures du matin. Il avait été reconnaître les approches d’Amsterdam, s’avançant jusqu’aux pieds des batteries qui défendaient la ville. Les difficultés du siège lui paraissaient grandes. Le temps était menaçant, l’automne commençait. Les inondations avaient