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contre l’oïdium[1]. Avocat constant de la facilité et de l’économie en grande culture, je ferai remarquer certains avantages de la chaux sur le sulfate de cuivre : l’économie, l’innocuité et la facilité de contrôle. C’est, en effet, un avantage immense, lorsqu’il s’agit de grands espaces, de pouvoir juger de la perfection d’un traitement à la teinte plus ou moins blanche répandue sur les feuilles.

Dans la catégorie des choses probables, mais encore confinées au domaine des chercheurs, nous trouvons d’abord la greffe-bouture si heureusement employée par M. Bender, en Beaujolais ; puis, la greffe d’automne, sans suppression de la tête du porte-greffe[2].

L’adaptation est toujours la grande chose autour de laquelle gravitent, en 1885 comme en 1883 et 1881, bien des destinées viticoles. Tant de facteurs obscurs concourent à ce mystère, que la question est et restera toujours complexe. En effet, certaines variétés qui, pendant les premières années, semblaient mal adaptées, ont pris le dessus sous une influence heureuse, soit que les racines aient rencontré un sol meilleur, soit qu’une saison humide ou une fumure opportune aient ranimé la vitalité amoindrie par un début difficile. D’autres, qui d’abord s’étaient emparées vigoureusement de leur terrain, ont dépéri dès que leurs racines ont quitté la surface ameublie. L’étude de l’adaptation met au jour des cas si peu explicables qu’on en est réduit à profiter de ce que l’on voit sans s’attarder à la recherche de causes introuvables.

Une illusion que 1885 a laissée en chemin, c’est la supériorité des plants racines et greffés sur table sur les plantations greffées en place ; respectons les exceptions locales, dues au soin qui peut présider à d’étroites expériences bien faites, mais en grande culture il est prouvé qu’à égalité d’âge et de milieu, l’avantage reste aux plants greffés en place un an ou deux après leur plantation définitive.

Les insuccès de ce greffage en place dans les pays froids et humides tiennent à ce que la soudure ne peut s’accomplir que par la continuité d’une végétation active[3]. Lors de sa visite à

  1. Ces deux substances, employées ensemble ou séparément, atteignent le but tant désiré, à la condition d’adapter leur usage au climat. Le cuivre demande l’humidité ; la chaux, la sécheresse, pour développer leur efficacité respective.
  2. C’est surtout à Cadillac (Gironde) que ce système est employé ; et, grâce au comice de ce canton et à son conseiller général, M. Dezeimeris, il a été publié une description des plus intéressantes de ce mode de greffage.
  3. La chaleur et la lumière étant les conditions nécessaires à cette continuité, il y a lieu de retarder le greffage et d’augmenter le buttage à mesure que l’on s’éloigne des régions chaudes, sèches et lumineuses auxquelles le greffage en place doit ses plus beaux succès.