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pas été écrites en 1717, mais de 1746 à 1747[1], c’est-à-dire trente ans après.

Dans le troisième et dernier rapport[2] adressé au sénat, nous retrouvons naturellement les erreurs contenues dans les deux rapports précédens ; il n’y figure qu’un fait historique nouveau. « Plus tard, dit l’auteur, lorsque les souverains voulurent se servir de ces joyaux pour leur usage, ils firent, ce qui avait été d’ailleurs fait, dès le 13 mars 1785, par Louis XVI : ils reconnurent par le dépôt d’un bon que ce n’était là qu’un emprunt fait aux collections de l’état. »

Le précédent, tiré du règne de Louis XVI, ne vient pas à l’appui de la thèse en question ; car le bon donné par ce souverain, en 1785, s’appliquait, ainsi que nous l’avons prouvé, non pas à l’emprunt d’une parure faite pour l’usage, mais à l’aliénation de cette parure, au profit de la reine Marie-Antoinette, à qui le roi la donnait d’une façon irrévocable, après avoir pris l’avis de son conseil.

Tel est le résumé du travail auquel se sont livrées les trois commissions. Nous ignorons si le gouvernement voudra en rester là, ou s’il jugera à propos de rectifier et de compléter les rapports. Il nous parait difficile, après ce que nous venons d’exposer, que, pour obéir à la loi qui ordonne la conservation des pièces historiques, on ne se livre pas à de nouvelles recherches plus sérieuses, afin de retrouver celles de ces pierres qui rentrent dans cette catégorie.


III

Nous avons maintenant à démontrer, au point de vue du budget et des ressources qu’elle lui procurerait, l’inutilité de la vente projetée.

Le trésor de la couronne est actuellement estimé 21 millions ; mais, dans ce chiffre, le Régent entre pour 12 millions ; malgré les deux petites glaces qu’elle a près du filetis, c’est la pierre la plus belle du monde : pour le moment, le gouvernement n’a pas l’intention de la mettre en vente. Du reste, on sait que les acheteurs de pareils morceaux sont rares, et il suffirait de rappeler l’histoire suivante pour s’en convaincre. Le diamant le Sancy était prisé

  1. Nous devons ce renseignement à l’obligeance de M. Arthur de Boislisle, membre de l’Institut, qui public en ce moment une nouvelle édition des Œuvres de Saint-Simon.
  2. Rapport du 12 février 1884.