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premières dispositions de combat sont prises : les dromes ont été mises à terre, les bouts-dehors de bonnettes descendus sur le pont ; les suspentes en chaîne, les fausses balancines, les bosses de galhaubans et d’itagues sont en place. Tout est prêt pour le lendemain ; voici les derniers ordres : les baromètres et les chronomètres des frégates seront envoyés, avec ceux des bombardes, à bord des petits bricks qui ne sont pas destinés à prendre part à l’engagement ; on mettra les chaloupes à la mer avant l’appareillage. Chacune de ces embarcations, armées par les équipages des bricks laissés au mouillage, devra être munie d’une ancre à jet et de deux aussières. Toutes iront se placer au nord des frégates, hors de la portée des canons du fort, mais en position de venir élonger des touées, s’il on était besoin. Au signal de l’amiral, les bombardes se porteront à la hauteur de la coupure du récif de la Gallega et s’y embosseront. Les trois grandes frégates — la Néréide, la Gloire, l’Iphigénie — mouilleront au sud de cette même coupure, de manière à former une ligne serrée. Mlles se trouveront ainsi à sept ou huit encablures du fort. La portée du canon de 30 court, tiré avec un seul boulet rond et une charge égale au quart du poids du boulet, est de 1,550 mètres environ, sous un angle de projection de cinq degrés. C’est donc l’angle de tir qu’il conviendra d’adopter pour le combat. Les canons-obusiers de 30, chargés à obus et tirés avec deux kilogrammes de poudre, ont, à peu de chose près, la portée des canons. Quant aux caronades, il semble inutile de les employer dans un engagement où la distance dépassera 1,400 mètres. Si l’on tient cependant à tenter de s’en servir, il faudra les pointer sous l’angle de sept ou huit degrés. L’intention de l’amiral est d’ailleurs de commencer par régler le tir de la division d’attaque à l’aide de quelques coups d’épreuve. La Naïade et la Sarcelle, placées dans la direction du nord-ouest, feront à cet effet les signaux nécessaires : le pavillon l, hissé au mât d’artimon, indiquera que le coup a porté en-deçà du but ; le pavillon 2, en tête du grand mât, qu’il a porté juste ; le pavillon 3, arboré au mât de misaine, annoncera que le projectile est tombé au-delà du fort.

Tout n’est-il pas prévu ? L’ordre du jour est bref : je ne vois pourtant aucune disposition essentielle qui y soit omise. L’amiral, lui, ne le trouve pas encore complet : « Si le feu de l’ennemi, dit-il en finissant, est vif et bien dirigé, on fera descendre dans le faux-pont les hommes de la manœuvre, pour les mettre à l’abri, ne gardant que les chefs et les servans des pièces. Les gabiers ne seront envoyés dans la mâture que s’il y avait des avaries de gréement urgentes à réparer. » N’est-ce pas ici le capitaine de la Dryade que