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plus riche en capitaux qu'elle est obligée, pressée et souvent fort embarrassée, de faire valoir. Sur ce terrain, la lutte ne serait pas égale[1].

Nous avons visité la plantation dite Utumapu de la Handels Gesellschaft. On voit d’abord la mer en passant près de quelques hameaux habités par des pêcheurs dont plusieurs étaient atteints de la terrible maladie appelée éléphantiasis, ensuite nous nous dirigeâmes, toujours en montant, vers l’intérieur de l’île. Au bout d’une heure et demie, nous arrivâmes près de la crête des montagnes qui forment l’épine dorsale d’Upolu. C'est là, au centre de la plantation qui s’étend d’une mer à l’autre, de la côte nord à la côte sud, que se trouve sur un point culminant une jolie maisonnette,

  1. On a bien voulu me donner les renseignemens suivans sur l’état des plantations allemandes à Samoa en novembre 1883. ¬¬¬
    Cocotiers donnant des fruits 1.101 acres
    Cocotiers qui ne donnent pas encore de fruits 1.728 —
    Jeunes cocotiers et coton, 1.932 —
    Coton seul 702 —
    Café 135 —
    Bananes, yam, taro 303 —
    Pâturage 402 —
    Total 6.321 acres.

    Depuis novembre 1883, 300 acres ont été défrichés et plantés. On essaie maintenant de planter du tabac. Les expériences sont faites sur une large échelle. Les plantations de cocotiers servent de pâturage dès que les arbres ont atteint une certaine hauteur. On entretient dans ces plantations environ mille têtes de bétail.
    Jusqu'ici le copre (amande de coco prête à être mise dans le moulin pour l’extraction de l’huile) est le principal produit. Le coton est une qualité supérieure de ce qu'on appelle le sea-island cotton. Le caféier n’a qu'un ou deux ans. Le chiffre annuel de ces productions est : 300 tonnes de copre et 1,600 balles de coton, la balle pesant environ 260 livres. Les indigènes des îles Samoa produisent de 2,000 à 3,000 tonnes de copre. Les Samoëns sont en général peu aptes au travail. Les maisons allemandes d’Apia recrutent leurs laboureurs principalement aux archipels de la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle-Irlande. Les Chinois, les meilleurs de tous, sont devenus trop chers, et les coolies de l’Inde ne peuvent être exportés qu'aux colonies anglaises. A Apia, les gages des laboureurs des îles ont beaucoup hausse : de 25 dollars à 60; à Fiji et à Queensland, ils ont atteint le double de ce qu'on paie à Samoa. Dans les dernières années, presque tous les produits ont été exportés par les deux maisons allemandes.
    Voici le tableau du mouvement maritime en 1883:

    BATIMENS ARRIVÉS TONNES IMPORTATION EXPORTATION
    Livres sterling Livres sterling.
    Allemands.... 92 19 396 58.358 50.894
    Anglais.... 35 3.799 9.103 1.180
    Américains.... 18 2.776 26.146 pas d’exportation.