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de 700 mètres de longueur. Sous la direction d’une mission d’ingénieurs français, on a construit 600 kilomètres de routes carrossables; 540 kilomètres sont en voie d’achèvement, et l’on fait des études pour la construction de 3,000 autres kilomètres. La Grèce qui, en 1882, n’avait que 800 kilomètres de routes, en a aujourd'hui plus de 1,400, sans compter le réseau des îles ioniennes, et dans dix ans, au train dont on va, elle en aura près de 5,000. Les réformes fiscales, qui s’imposaient depuis longtemps, ont été étudiées et adoptées. On a supprimé la perception en nature qui coûtait fort cher à l’état et ruinait le contribuable ; des impôts sur le tabac, sur les alcools ont été établis; on a opéré la conversion de la drachme en francs. Partout est assuré le service postal et télégraphique. Il y a en Grèce 211 bureaux de poste et 118 bureaux télégraphiques ; un câble sous-marin relie les îles à la terre ferme. Le gouvernement enfin a restauré le crédit de la Grèce par la reconnaissance de la dette différée (emprunt de 1824-25), et par le service régulier des intérêts des différens emprunts.

L'exemple d’activité productive donné par l’état a été suivi. l’agriculture, l’industrie, le commerce se sont singulièrement développés, de grandes entreprises dues à l’initiative privée vont transformer le pays. Tandis que le général Turr perce l’isthme de Corinthe, les voies ferrées commencent à sillonner la Grèce. Depuis 1882, époque où le chemin du Pirée à Athènes existait seul, cinq lignes ont été ouvertes (de Katakolon à Pyrgos; du Pirée au Laurium ; du Pirée à Kiato, par Athènes, Mégares et Corinthe; de Volo à Larisse et à Kalabak ; de Larisse à Trikkala) représentant un parcours de 350 kilomètres ; et l’on travaille à d’autres lignes qui s’étendront sur une longueur totale de 600 kilomètres. La ligne de Corinthe à Nauplie (70 kilomètres) sera mise en exploitation le 15 janvier de cette année. De nombreux établissemens industriels : minoteries, tanneries, filatures, distilleries, se sont créés sur différens points du territoire. On comptait une centaine de moteurs à sapeur en 1877, il y en a aujourd'hui plus du triple. Les mines et les carrières emploient vingt mille ouvriers. Les chantiers du Pirée, de Syra, de Galaxidi, d’Hydra, construisent annuellement cent bateaux à voiles, quelques-uns de 600 tonnes. On n’ignore pas, en effet, que la marine marchande hellénique, qui va se développant chaque année (en 1874, elle était de 5,202 bâtimens, jaugeant 250,277 tonnes, et, en 1883, de 7,609 navires au long cours ou caboteurs, jaugeant 388,000 tonnes) tient sa place avec honneur parmi les marines du globe. Le Bulletin du ministère des travaux publics de France, publié en 1884, assigne à la Grèce le onzième rang comme puissance maritime. La Grèce vient immédiatement après la Hollande et précède l’Autriche