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L’élément le plus important, mais un élément inquiet, remuant, envahissant, est fourni par les colonies australasiennes. Poussé par le besoin de se procurer des travailleurs, le gouvernement de Queensland s’est, il y a deux ans, de sa propre autorité, annexé la Nouvelle-Guinée. Lorsque le gouvernement anglais, pour de graves motifs, déclara cet acte nul et non avenu, l’opinion publique des colonies s’enflamma en faveur d’une politique d’annexion qui, à l’heure qu’il est, passionne encore les esprits. l’opinion la plus exaltée ne tend à rien moins qu’à faire du Pacifique un lac australien[1]. Le premier motif, peu sérieux il me semble, et que j’appellerais plutôt le prétexte de cette agitation, a été fourni par le projet, depuis abandonné, du gouvernement français de donner une plus grande étendue à son établissement pénitentiaire de la Nouvelle-Calédonie.

Les intérêts allemands sont principalement représentés par trois maisons hambourgeoises ; la plus importante est celle que l’on appelle deutsche Handels und Plantagen Gesellschaft. Leurs transactions embrassent les groupes de Samoa, Tonga, Gilbert, Marshall, les Carolines, presque toutes les îles de la Mélanésie, comme les Nouvelles-Hébrides, les Salomon, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande avec l’île de York. À Upolu et Savaï (Samoa) et sur d’autres îles elles possèdent de grandes plantations. Elles seules entretiennent des communications directes avec l’Europe (Hambourg) par des bâtimens fins voiliers qui sont leur propriété ou qu’elles nolisent et qui naviguent sous pavillon allemand. Elles occupent plus de cent agens (traders), la plupart Allemands. Mais les marchandises et provisions importées sont, en général, d’origine anglaise ou américaine. l’importance des maisons allemandes qui priment à Samoa, dans l’archipel de la Nouvelle-Bretagne, à l’île de York, aux Carolines, est généralement reconnue, témoin les correspondances officielles communiquées au parlement anglais.

Aux États-Unis, l’opinion publique a depuis longtemps cessé de

  1. Le tableau suivant (Report of Western Pacific royal Commission), qui montre le nombre des bâtimens britanniques dans les parages de ces îles, mérite d’être pris en considération : ¬¬¬
    COLONIES ANNÉES NOMBRE DES BATIMENS TONNAGES
    Queensland 1865 2 123
    Idem 1875 51 8.803
    La Nouvelle-Galles 1880 138 48.965
    La Nouvelle-Zélande 1865 21 2.886
    Idem. 1875 132 50.444

    L’exportation de la Nouvelle-Galles seule, aux îles du Pacifique occidental, pendant les années 1875-1880, monte au chiffre de 1,603,589 livres sterling ; l’importation de ces îles, pendant la même époque, à celui de 1,158,613 livres sterling.