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reçu le nom d’asidères. Les plus intéressantes d’entre elles, dites charbonneuses, se font remarquer tout d’abord par un noir mat et un aspect rappelant tout à fait un charbon de tourbe compacte ou un lignite. A la substance pierreuse des deux groupes précédens est associé du charbon, non à l’état de liberté, c’est-à-dire de graphite, comme dans les fers météoriques, mais en combinaison avec de l’hydrogène et de l’oxygène, de même que dans certains produits de la décomposition de matières végétales. Cette ressemblance a naturellement conduit à y rechercher des vestiges d’êtres organisés ; mais les observations les plus délicates n’en ont décelé aucune trace. Quoi qu’il en soit de leur origine, la présence de ces matières altérables par la chaleur suffirait pour démontrer que les météorites étalent froides au moment de leur entrée dans l’atmosphère, leur intérieur a été préservé, lors de l’incandescence qui en a fondu la surface. Quatre chutes de météorites charbonneuses sont représentées dans nos collections : l’une a en lieu à Alais (Gard), le 15 mars 1806 ; une autre à Cold-Bokkeweld (cap de Bonne-Espérance), le 18 octobre 1838 ; la troisième, à Kaba, en Hongrie, le 15 avril 1857, et, la dernière à Orgueil, le 14 mai 1864.

Au milieu de la diversité que présentent les échantillons de près de quatre cents chutes, il est fort remarquable de voir que des météorites tombées à des époques fort différentes et dans des pays très éloignés les uns des autres, rentrent non-seulement dans le même type, mais que parfois elles offrent une identité si complète qu’un examen minéralogique attentif ne peut en faire distinguer les fragmens respectifs.


III

Rien n’est plus frappant dans la forme extérieure des météorites qu’un aspect général annonçant qu’elles sont des parties d’un corps brisé. Que l’on rapproche les centaines ou même les milliers de pierres d’une même chute, celles de Pultusk, par exemple, on verra qu’elles offrent des formes polyédriques, comme les fragmens de roches concassées ou macadam, qui servent à l’empierrement de nos voies publiques, avec cette seule différence toutefois que leurs arêtes sont plus ou moins émoussées. Il est surprenant de trouver ces mêmes configurations fragmentaires et anguleuses dans les fers météoriques eux-mêmes, tels que ceux de Caille et de Charcas : ce dernier rappelle la forme d’un tronc de pyramide triangulaire, tandis que le premier offre des marques évidentes de déchirement. La malléabilité et l’extrême ténacité du métal ne l’ont pas préservé d’une rupture violente.