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Les encouragemens n’ont pas fait défaut aux haussiers. Il leur en est venu surtout de Londres. Les Consolidés n’ont pas gagné moins d’une imité de 100 1/16 à 101 3/16. Il est vrai que pendant les deux derniers jours on a reculé à 100 13/16.C’est toujours pour la seconde moitié du mois une plus-value de 0 fr. 75. Le Stock-Exchange s’est lancé en pleine voie de hausse sur les principales valeurs américaines. Il a été réalisé de ce côté des bénéfices énormes. Les essais de relèvement se sont alors étendus à d’autres groupes de valeurs, au Rio-Tinto par exemple, que l’on a fait monter en quelques jours de près de 100 francs, puis à des titres internationaux, comme les fonds russes, les lombards, le hongrois, l’italien, même aux rentes françaises demandées plusieurs jours à Londres à un niveau de prix plus élevé qu’à Paris.

De Berlin et de Vienne les avis n’ont pas été moins satisfaisans. Sur la première de ces places, la spéculation n’a jamais cru que les événemens de la péninsule des Balkans pussent mettre en péril le maintien de la paix générale en Europe, malgré le coup de théâtre des victoires de la Bulgarie succédant aux premiers succès d’apparat de l’armée serbe. Aussi la fermeté des fonds russes ne s’est-elle pas démentie un seul instant. A Vienne, bien qu’il ait fallu menacer le prince Alexandre de l’envoi d’un ultimatum et d’une intervention directe de l’Autriche, pour l’amener à accepter l’armistice, le sentiment que la paix ne courait aucun péril grave a été si vif que le 4 pour 100 or de Hongrie, le fond de spéculation par excellence, n’a subi que de faibles variations et huit plus élevé qu’il y a quinze jours.

La fermeté des fonds d’état est donc restée le trait caractéristique du mouvement financier sur toutes les places européennes pendant le mois de novembre comme dans les mois précédens. La gravité des événemens politiques a eu pour contrepoids l’abondance extrême des disponibilités et la disposition persistante de l’épargne à se porter presque exclusivement vers les valeurs à revenu fixe.

Nous avons signalé la hausse des Consolidés, L’italien a gagné 0 fr. 70 en s’élevant de 95.60 à 96.30. Les projets de lois de finances que vient de déposer M. Magliani au parlement attestent la bonne situation économique de la péninsule italienne et autorisent à prévoir que la conquête du pair ne se fera plus longtemps attendre dès que la situation politique dans l’Europe orientale cessera d’entraver la reprise des affaires. Même les fonds serbes et hellènes n’ont pas trop souffert jusqu’ici.

La Porte ayant eu la sagesse de se tenir tranquille, les valeurs iniques commencent à recueillir les bénéfices de cette attitude prudente. Le Consolidé 4 pour 100 a repris de 13.50 à 14.40, les obligations privilégiées de 340 à 355, la Banque ottomane de 485 à 505.

L’Unifiée d’Egypte a regagné de 10 à 12 francs en quinze jours. Nous la laissons à 328, malgré d’assez fâcheuses nouvelles concernant