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REVUE DRAMATIQUE

Odéon : les Jacobites, drame en 5 actes, en vers, par M. François Coppée.

M. François Coppée, après une victoire au théâtre, n’a pas honte de rester poète ; au contraire, sitôt affermi dans ce domaine, il use de son autorité nouvelle pour s’y déclarer plus franchement ce qu’il est ; il se donne le plaisir, au lendemain de Severo Torelli, d’écrire une épopée ; il n’emploie son expérience qu’à la distribuer et l’animer de façon qu’elle soit applaudie sur la scène : et l’auteur de la Bénédiction, l’auteur des Récits et élégies, plus heureux qu’avec sa Guerre de cent ans[1], voit triompher les Jacobites.

Une épopée exposée à la rampe, et dont l’épisode central, avec un relief particulier, se relève en drame, voilà, en effet, la définition de cet ouvrage, et l’on devine assez aux beautés de la forme que l’artiste s’est réjoui, en le façonnant, de ne s’occuper d’aucun art plus que du sien propre.

Le détouûment d’une nation à la royauté en qui s’incarne son indépendance, un tel sujet, à coup sûr, est épique ; cette double agonie d’un peuple et d’une lignée souveraine est un de ces événemens qui paraissent d’un ordre supérieur à celui des passions individuelles et comptent parmi les Gestes de la Providence ou de la destinée plutôt que parmi les accidens humains. Dévoûment, d’ailleurs, suppose sacrifice volontaire, c’est-à-dire action : il sera donc possible de traiter ce sujet sur un théâtre. Les acteurs de ce sacrifice, comme il convient à des figures épiques, résumeront en leurs personnes quelques

  1. La Guerre de Cent ans ; Lemerre, éditeur. — Cette pièce, écrite en collaboration avec M. Armand d’Artois, n’a pas été représentée.