Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 72.djvu/668

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

premiers actes de la reine fut de déclarer, par un décret, non avenu le règne de Radama II et d’annuler tous les traités passés avec les étrangers. Dès qu’il fut informé de ces événemens, le gouvernement français donna l’ordre au commandant Dupré de se rendre à Madagascar et d’exiger du gouvernement hova l’exécution intégrale du traité de commerce de 1862. En vertu de ses instructions, cet officier, monté sur la frégate l’Hermione et convoyé par le brick le Curieux, se présenta à Tamatave et se mit aussitôt en rapport avec le pouvoir central. Mais les négociations n’aboutirent à aucun résultat et, malgré l’appareil militaire déployé par le chef de notre station, les Hovas persistèrent dans le refus qu’ils lui avaient tout d’abord opposé de se prêter à aucun accommodement. Ses instructions ne lui permettant pas de recourir à l’emploi de la force, le commandant Dupré se borna à donner l’ordre à notre consul d’amener son pavillon, et les choses en restèrent là pour le moment. Les pourparlers toutefois continuèrent à titre officieux et, en 1867, intervint une convention aux termes de laquelle les Hovas consentaient au paiement à la France d’une indemnité de 900,000 francs pour le retrait de la charte Lambert.

La veuve de Radama II mourut l’année suivante, en 1868, et fut remplacée sur le trône par sa cousine, qui fut proclamée reine sous le nom de Ranavalo-Mandjaka II. L’acte le plus important jusqu’à présent du règne de cette princesse a été sa conversion à la foi chrétienne réformée : en février 1869, elle reçut publiquement le baptême, et tout son peuple s’empressa de suivre son exemple. Cet événement mit fin à la longue rivalité des missionnaires catholiques et méthodistes, et assura désormais à ces derniers une influence prépondérante dans les conseils de la reine, influence qui, comme on doit bien le penser, n’a pas toujours été employée dans le sens des intérêts français. Les missionnaires catholiques purent toutefois continuer sans obstacle leur œuvre de propagande, et leurs prosélytes ne semblent avoir été jusqu’à présent aucunement inquiétés dans leur foi.

Dans l’espoir que ce changement de règne pourrait avoir apporté quelque modification aux dispositions des Hovas, le gouvernement français chargea M. Garnier d’aller, avec le titre de commissaire impérial, présenter ses félicitations à la nouvelle reine, à l’occasion de son avènement, et de poursuivre les négociations entamées jadis en vue de la remise en vigueur du traité de commerce de 1862. Notre envoyé réussit cette fois dans sa mission et fit souscrire à la reine, en 1868, une nouvelle convention commerciale qui reproduisait, à peu de chose près, les dispositions énoncées dans le traité de 1862. Ce traité semble avoir déjà donné lieu à quelques difficultés d’interprétation ; on reproche notamment aux Hovas d’avoir cherché à éluder leurs engagemens en ce qui touche l’application de l’art, 4,