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CHARLES IX ET FRANCOIS CLOUET


I

Nous inscrivons en tête de cette étude le nom d’un roi qui symbolise une des sombres époques de la France et le nom d’un peintre en qui se résument plusieurs générations d’artistes consciencieux. Grâce à François Clouet, nous avons l’image vivante de Charles IX ; grâce à Charles IX, nous avons une peinture authentique de François Clouet, une preuve indéniable qui apporte un élément de certitude en un sujet rempli d’obscurité.

Les Clouet sont au nombre de trois, même de quatre, et leurs œuvres embrassent près d’un siècle (de 1480 environ à 1572). Durant cette période et au-delà, on leur attribue presque tous les portraits peints de ce côté-ci du Rhin et des Alpes. Assez récemment, du moins, les choses se passaient ainsi. On ne distinguait même pas entre eux. S’agissait-il du portrait de François Ier enfant (1500) ou du portrait d’un contemporain de Louis XIII (1620), on lui appliquait indifféremment le nom de Clouet, plus communément celui de Jehannet, car Clouet et Jehannet ne font qu’un. D’après la coutume d’abréger les noms, très populaire au moyen âge et qui avait cours encore au XVIe siècle, les Clouet avaient fondu en un seul nom leur nom de famille avec le nom de baptême de deux d’entre eux, en ajoutant à celui-ci la terminaison de celui-là. C’est ainsi que, de Jehan Clouet, ils avaient fait Jehan-et, qu’on écrivit Jehannet ou Janet, quelquefois aussi Jennet ou Jainet. Dès lors, le nom patronymique fut pour ainsi dire oublié ; si bien que le dernier et le plus connu des Clouet, quoiqu’il s’appelât François, prit lui-même le nom de Jehannet. Or ce