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MELCHIOR GRIMM

III.[1]
MADAME D’ÉPINAY. — FRÉDÉRIC II. — LA DUCHESSE LOUISE-DOROTHÉE. LA LANDGRAVE CAROLINE.


I

Nous avons vu Grimm se faire connaître dans le monde parisien par un pamphlet spirituel et s’assurer des moyens d’existence par sa Correspondance littéraire avec des cours étrangères. Nous avons maintenant à le suivre dans les événemens de sa vie privée pendant le cours de cette première et laborieuse période de son séjour en France.

Rousseau, qui avait été introduit chez Mme d’Épinay par Francueil, ne tarda pas à y introduire à son tour son ami Grimm. Assez sauvage de son naturel, celui-ci ne montra que peu d’empressement à cultiver cette nouvelle connaissance. Il allait, cependant, aux soirées de musique de l’hôtel d’Épinay, y dînait quelquefois, et, en été, faisait des visites à la Chevrette. On sait quelles circonstances changèrent ces relations de société en attachement, en confiance et bientôt en intimité. Mme d’Épinay était, à cette époque, dans l’un des momens les plus pénibles de sa vie. Elle venait de se séparer de Francueil, qui avait formé d’autres liaisons, et la mort de sa belle-sœur, Mme de Jully, l’avait exposée à d’odieux soupçons. Se sentant à l’extrémité, cette jeune femme avait voulu

  1. Voyez la Revue du 15 octobre et du 15 novembre.