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patience ; les conditions à discuter étant si nombreuses qu’il n’était pas à craindre que l’accord fût trop prompt d’autant que les espagnols se montraient plus exigeans à mesure que de nouvelles garanties leur étaient concédées. » Notre infante est catholique, disait Olivarès à Buckingham, et votre prince est protestant. Est-il disposé à se convertir ? » Et comme on lui répondait que non, il déclarait qu’une permission du pape était nécessaire, qu’il allait envoyer un ambassadeur à Rome. Un autre jour, il voulait avoir l’engagement formel que la princesse de Galles pourrait conserver auprès d’elle à Londres un évêque, un confesseur, tous les prêtres de sa religion qu’il lui plairait d’emmener. Puis, comme cela lui était accordé, il demandait que le roi Philippe fut accepté comme protecteur des catholiques anglais, de fait sinon de nom, et que Jacques Ier promît de faire la paix avec le saint-siège. Une autre fois on rappelait aux deux jeunes gens en leur demandant de nouveaux serments, le traité contre la Hollande que Gondomar avait si bien préparé avant de quitter Londres. Charles faisait toutes les promesses, prêtait tous les sermens qui lui étaient demandés, promesses et sermens qui, lorsqu’il fut plus tard en lutte contre ses sujets, ne furent pas sans influence sur sa destinée lamentable. Plusieurs mois se passèrent ainsi, jusqu’à ce que la nouvelle arriva que les Impériaux étaient vainqueurs sur le Rhin. Ce furent alors de nouvelles exigences ; il comprit enfin que les Espagnols n’avaient jamais eu l’intention sérieuse de conclure avec lui. Pris de peur, se croyant déjà menacé dans sa vie ou tout au moins dans sa liberté, il repartit pour l’Angleterre aussi vite qu’il en était venu.

C’est ainsi que, pendant une période d’environ cent cinquante ans, la politique des rois d’Angleterre, sauf le règne glorieux d’Elisabeth, fut influencée toujours et dominée parfois par la crainte de l’Espagne ou par le désir de se rendre cette puissance favorable. Cette politique n’avait de soutien qu’à la cour ; la nation y était hostile. Mais les sessions du parlement étaient alors si rares, l’opinion publique si peu écoutée que la vraie couleur historique de ces temps ne se distinguerait pas bien si l’on négligeait les chroniques dont Hepworth Dixon a rempli ses volumineux récits. L’histoire de Catherine d’Aragon et d’Anne de Boleyn, c’est la lutte entre l’influence espagnole et l’influence anglaise dans les conseils du gouvernement. Raconter les souvenirs de Windsor, le palais séculaire des rois et de la Tour de Londres, où toutes les victimes des luttes politiques furent renfermées, c’est mettre en parallèle aux diverses époques les volontés royales et les tendances populaires. De l’un et de l’autre monument, Hepworth Dixon parle avec une fierté patriotique. C’est à Windsor qu’ont vécu tous les Stuarts ; mais tous les souverains dont le pays conserve un souvenir