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UN
HISTORIEN ROMANTIQUE

W. HEPWORTH DIXON

I. Her Majesty’s Tower, 4 vol., 1860. — II. History of two queens, 4 vol., 1873. — III. Royal Windsor, 4 vol., 1878.

Notre histoire nationale est pleine de la rivalité entre la France et l’Angleterre ; il n’y en a que peu de traces dans l’histoire nationale des Anglais. C’est que les luttes sur les champs de bataille de la Picardie ou de la Guyenne ne furent pour nos voisins que des guerres de conquête ; leur indépendance, leur existence propre, à l’inverse de nous, n’y furent jamais en jeu. En raison même de leur situation insulaire, les Anglais ont, plus qu’aucun autre peuple, le souci d’être seuls maîtres chez eux : les Français ne les y ont à aucune époque sérieusement menacés. La race anglo-saxonne est si imbue de cette idée qu’elle l’a transportée avec elle au-delà de l’Atlantique. Ce même esprit inspira la doctrine de Monroe : L’Amérique aux Américains. Or, qu’est-ce qui menaçait l’indépendance de l’Angleterre lorsqu’au sortir du moyen âge l’Europe actuelle se forma et que les nations entrèrent en relations de voisinage ? Ce fut d’abord le saint-siège, puis son allié, son soutien, parfois son maître, le roi d’Espagne. Ce fut donc contre le pape et contre le roi d’Espagne que l’Angleterre eut à se défendre. La lutte commence dès la fin de la guerre des Deux Roses, dès qu’il existe à Londres un roi non contesté qui vêtu entrer en rapports diplomatiques avec les autres états du continent ; elle se continue jusqu’au triomphe de l’autonomie anglaise par l’établissement sur le trône de la dynastie