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Les démarches dont nous exposons les préliminaires eurent un sort très différent. L’empereur d’Autriche se montra empressé à y répondre. Il parut comprendre à demi mot, et s’engagea à contribuer pour 50,000 florins, à partir du 1er juillet 1802, au traitement annuel du roi de France. Mais ces belles promesses restèrent sans effet. Deux ans après, l’évêque de Nancy, agent de Louis XVIII à Vienne, réclamait en vain les termes échus de la pension, qui ne fut pas payée davantage par la suite.

L’Angleterre mit plus de sincérité dans sa réponse. Elle refusa d’augmenter les charges qu’elle acquittait déjà. Il est vrai qu’elle pourvoyait à l’entretien du comte d’Artois, du duc d’Angoulême, du duc de Berry, des princes d’Orléans, du prince de Condé, du duc de Bourbon, sans parler des pensions qu’elle servait à un grand nombre d’émigrés. « Il ne reste plus que Louis XVIII à pourvoir, disait avec raison lord Hawkesbury à M. de Woronzof, en motivant le refus de sa cour. Si les autres souverains de l’Europe veulent imiter ce que l’empereur de Russie fait envers cet infortuné prince et ce que le roi de la Grande-Bretagne fait pour les autres membres de la famille de France, cette dépense ne leur coûtera pas beaucoup. »

L’Espagne fit une réponse analogue. Depuis 1794, elle payait à la maison de Bourbon une somme annuelle de 330,000 livres. Elle trouvait sa part de charges suffisante et n’y voulut rien ajouter.

Quant au roi de Naples, qui longtemps avait donné asile aux tantes du roi et qui payait encore un traitement au duc de Berry, le silence des documens permet de supposer qu’il ne voulut pas a’1er au-delà.

Nous avons gardé pour la fin la réponse de la Prusse, parce que la démarche du tsar auprès d’elle révéla le projet que M. d’Haugwiz et le général de Beurnonville s’étaient mis en tête de faire réussir. A la première ouverture de M. de Krudener, le ministre prussien ne fit aucune objection. Il devait d’abord prendre les ordres de son maître. Puis, lorsqu’au bout de six semaines il se décida à