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entre le Sénégal et le Soudan aboutit à une série de propositions. D’abord l’amiral demanda aux chambres l’établissement d’un nouveau poste à Bafoulabé et la construction d’une route entre Médine et Bafoulabé. Puis il présenta un projet comprenant trois lignes de chemins de fer : 1° de Dakar à Saint-Louis, 260 kilomètres ; 2° de Mpal (près Saint-Louis) à Médine, 580 kilomètres; 3° de Médine au Niger, 520 kilomètres. La dépense totale était évaluée à 120 millions : les deux premières lignes devaient être concédées à des compagnies, la troisième devait être exécutée par l’état (rapport du 5 février 1880). La part revenant à l’état dans la dépense totale devait être de 58 à 60 millions. Nous laisserons un instant le gouvernement aux prises avec la commission du budget pour suivre en Afrique les conséquences de la nouvelle politique.

Le gouverneur de la colonie, de 1876 à 1881, fut M. Brière de l’Isle, alors colonel d’infanterie de marine, depuis général en chef de l’armée du Tonkin. Avant de chercher à pénétrer dans la région du Niger, il importait de mettre à l’abri de toute insulte Médine, qui était toujours notre poste le plus avancé vers l’est. Or, à 16 kilomètres en amont de Médine, s’élevait le tata de Sabouciré, qui, lors du siège de 1857, avait été le quartier-général d’El-Hadji. Son chef était alors un certain Niamody, qui se donnait pour un lieutenant du sultan de Ségou et qui ne cessait d’infester le Khasso. Après avoir épuisé tous les moyens de conciliation, le gouverneur dirigea contre lui une colonne. Le tata fut pris d’assaut et Niamody tué avec la plupart des siens (22 septembre 1878). La colonne avait trouvé un énergique appui dans les guerriers du Khasso, commandés par Demba, élève de notre école de Saint-Louis et fils du roi Sambala.

En 1879, eut lieu la première mission de M. Gallieni, alors capitaine d’infanterie de marine. Il réconcilia les populations du Logo et du Natiaga avec nos alliés du Khasso et plaça sous le protectorat français tout le pays compris entre Médine et le confluent du Bafing et du Bakhoï. À ce point même, dont le nom de bafoulabé signifie confluent, on éleva ensuite la forteresse de Bafoulabé. L’année suivante, 1880, M. Gallieni entreprit sa deuxième mission. Il s’agissait d’explorer le pays compris entre notre nouveau poste de Bafoulabé et Bammako sur le Niger, de pousser jusqu’à Ségou, capitale d’Ahmadou, et de conclure avec celui-ci un traité de protectorat. La mission avait un caractère essentiellement pacifique. M. Gallieni était accompagné des lieutenans Vallière et Piétri, des docteurs Tautain et Bayol, de 20 tirailleurs, de 10 spahis, d’une escouade de laptots, sous la conduite de Samba Ouri, un des doyens de la corporation, enfin, d’une centaine d’âniers conduisant un convoi de 250 ânes