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dans les bons pays de métayage ; nous désignons de cette façon, outre la Mayenne et l’Anjou, particulièrement la Sarthe, les bons cantons du Poitou et du Limousin adonnés à ce régime, où il se présente d’ailleurs avec des mérites inégaux suivant les cas et les régions. Le crédit agricole, dans la mesure où il dépend du propriétaire, se faisant le banquier de l’exploitant par d’utiles avances, trouve aussi quelques facilités dans ces pays où les métayers, dès longtemps établis et quelquefois se succédant de père en fils, inspirent confiance. Cette confiance est plus grande, en effet, quant aux personnes et quant aux résultats à attendre, qu’avec des exploitans et quelque sorte intérimaires, sans racines dans le pays, et, s’ils réussissent, de plus en plus portés vers les placemens mobiliers.

Aucun doute ne peut subsister, après cette enquête, sur l’étendue qui permet aux métairies d’être exploitées dans de telles conditions de succès. C’est dans les étendues de 20 à 50 hectares que le métayage se présente avec tous les avantages qu’on a coutume, dans l’industrie, de désigner sous le nom de participation aux bénéfices. Il offre alors des dimensions qui n’ont rien de décourageant pour l’apport du cheptel qu’il est au pouvoir de l’exploitant de fournir, et pour que le travail personnel s’y déploie avec toute sa puissance. C’est là le type du métayage riche ou aisé. Le cheptel s’y compose le plus fréquemment d’une tête de gros bétail par hectare. Une tête de bétail par hectare, n’est-ce pas l’idéal que proposaient autrefois les agronomes? Il est d’ailleurs, disons-le, heureusement dépassé sur beaucoup de points. Il est remarquable que la division des grands domaines, qui ont été plus ou moins dépecés pour être vendus, n’a pas, dans nos départemens du centre et de l’ouest, entraîné un changement sensible dans les dimensions des métairies ; cela tient à ce qu’elles formaient déjà comme un corps de biens. Ces métairies, souvent séparées par des accidens du sol, par de petits cours d’eau qui servent de limites naturelles, comme dans la Mayenne, ne pourraient être, dans la plupart des cas, morcelées sans dommage. C’est un des caractères de ces domaines qui se sont formés sur la configuration du terrain, et c’est ainsi que la culture moyenne, qui a son rôle à jouer dans l’ensemble de notre système agricole, semble trouver dans de tels domaines ses cadres tout tracés et ses positions qu’il y a tout intérêt à conserver.

Au point de vue des raisons locales qui maintiennent le métayage dans certaines contrées, le même document abonde en renseignemens. Il nous faudrait, pour nous en rendre complètement compte, parcourir l’enquête région par région. Il suffira que nous indiquions rapidement quelques points importans. Nous avons touché