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par an et qui, en 1882, après plusieurs dégrèvemens, en donnait encore 51. L’histoire de l’impôt sur la mouture, le courage avec lequel il a été proposé par divers ministres des finances et appliqué par l’un d’eux, M. de Cambray-Digny, l’énergie et le bon sens des populations qui l’ont accepté et supporté pendant de longues années, constituent l’un des épisodes qui font le plus d’honneur à l’Italie moderne. Il est bon de le rappeler à certains gouvernemens auprès desquels la théorie commode de la banqueroute trouve trop facilement accès. Ils y apprendront que la bonne foi et la fidélité aux engagemens profitent plus à une nation que de coupables défaillances. En 1868, époque de l’établissement de l’impôt sur la mouture, le 5 pour 100 Italien était à 42. Il est aujourd’hui au pair ou peu s’en faut. Les capitaux ont répondu, quand l’occasion s’en est présentée, à l’appel d’un pays qui avait montré une si ferme intention de tenir sa parole. La prospérité a été la conséquence de la loyauté ; et aujourd’hui l’odieux impôt sur la mouture disparaît sans produire le déficit dans le budget ; les circonstances se présentant de même pendant l’exercice 1884-85 que dans le premier semestre de 1884, le trésor italien était autorisé à compter sur un excédent de recettes de 30 millions environ.

Résumons-nous maintenant et jetons un regard sur le chemin que nous avons parcouru à la suite de M. Magliani. De 1880 à 1883 inclusivement, une série de budgets se soldant par des excédens considérables que viennent absorber des dépenses extraordinaires de caractère exceptionnel et transitoire de façon à ne laisser en 1883 qu’un excédent définitif de 949,772 fr. Pour le premier semestre de 1884, un budget intermédiaire se soldant par un déficit apparent de 8 millions qui disparaîtrait pour faire place à une avance de 19 millions si ce semestre n’était pas isolé. Telle est, à la fin de 1884, la situation budgétaire du royaume.

Pour en finir avec les questions purement techniques, nous allons rapidement passer en revue les budgets de prévision de 1884-85 et 1885-86. Il ne faut pas oublier que ces budgets ont été présentés aux chambres et votés par elles sous l’empire de décisions antérieures qui ne permettaient pas l’application du principe proclamé par M. Magliani, c’est-à-dire la réduction des dépenses extraordinaires aux proportions des ressources du budget ordinaire. Les dépenses extraordinaires relatives aux travaux publics, à la guerre, à la marine, à la défense du territoire résultent de lois spéciales auxquelles il faut bien conformer le budget pendant une période donnée. Celui de 1884-85, approuvé en 1883, présente une prévision de recettes de 1,349,821,007 francs et autorise 1,359,121,408 francs de dépenses ordinaires et extraordinaires, soit un déficit de 9,300,401 francs. Mais dans les dépenses figure une somme de 25,456,400 francs,