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de peine à la fournir. Dans le compte des dépenses extraordinaires, prévues en partie au budget, mais qui aboutissent en définitive à un excédent de 25 millions environ, les dépenses relatives à l’armée et à la marine s’élèvent à environ 38 millions justifiés par l’application de nouveaux règlemens d’organisation ou par la construction de travaux de défense. Ce sont là des circonstances qui ne sont pas destinées à se reproduire. L’Italie traverse, comme toutes les nations militaires de l’Europe, une période de transformation dont le point de départ remonte aux guerres de 1866 et 1870. L’organisation générale, l’armement, les effectifs, les systèmes de fortifications, tout a été renouvelé ou développé dans les proportions les plus larges. Il n’est pas un budget qui n’en ait été cruellement éprouvé. Si nous en croyons les connaisseurs, les dépenses du gouvernement italien, surtout en ce qui concerne l’armée de terre, ont été judicieuses et efficaces. Les plus vieilles armées ont trouvé d’utiles exemples dans les progrès de la jeune armée d’Italie. Mais, sans aborder ces questions techniques qui ne sont pas de notre ressort, il est permis de penser que le plus fort est fait, et de dire que la source des dépenses extraordinaires de cette nature disparaîtra pour un temps plus ou moins long. Il en est de l’outillage d’un gouvernement comme de celui d’un industriel quelconque. De grandes crises commandent, à de certains momens, des transformations radicales ; quand elles sont opérées, il n’y a plus qu’à entretenir le matériel nouveau. M. Magliani et le cabinet italien ne se font donc probablement pas illusion quand ils affirment que désormais les dépenses extraordinaires peuvent être proportionnées aux ressources ordinaires du budget, ce qui revient à dire que l’excédent normal des recettes dont nous avons démontré la progression devra suffire à combler la différence éventuelle entre les dépenses prévues et les dépenses effectuées. Or, le relevé des augmentations de recettes et de dépenses ordinaires pour les trois années 1881, 1882 et 1883 donne, pour les augmentations de recettes, 69,034,000 francs, et pour les augmentations de dépenses, 21,887,000 francs. De ces diverses constatations il résulte, dit M. Magliani, deux conséquences évidentes ; la première est la démonstration de la solidité de l’équilibre financier par la supériorité constante des recettes ordinaires sur les dépenses de même nature ; la seconde est que non-seulement il ne faudrait plus parler de progrès, mais que le déficit serait inévitable, si l’on ne renfermait étroitement les dépenses extraordinaires dans les limites des disponibilités du budget.

Cette utile démonstration se continue par l’examen des résultats du premier semestre de 1884. Nous devons rappeler ici qu’en vertu d’une loi récente, les exercices italiens auront désormais pour point de départ le 1er juillet de chaque année et se trouveront ainsi