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laisser de côté les compétitions dynastiques pour s’attacher à la défense de la religion, de la famille et de la propriété ? Le verrons-nous un jour, respectueux des institutions établies, accepter la république, comme les tories ont accepté la dynastie de Hanovre, et se montrer prêts à prendre, sans arrière-pensée, les rênes du gouvernement ? Certes, les républicains sincères ne seraient pas les derniers à s’en réjouir.

Mais cette perspective est peut-être un mirage. Il suffit de constater que les classes dirigeantes tiennent leur sort entre leurs mains. Vainement tenteraient-elles de rejeter la faute de leur paresse ou de leur indifférence sur un régime qui laisse franc jeu à toutes les opinions. Vainement, par une illusion inverse, attendraient-elles, pour agir, un millénaire qui ne viendra jamais, celui de l’instruction dite intégrale et de l’égalité parfaite entre les citoyens. Avant d’entreprendre l’éducation du pays, c’est la nôtre qu’il faut refaire. Le nombre fournit l’étoile : les bourgeois, ou, comme on disait autrefois, les capacités tiennent les ciseaux. Ils ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes si, depuis tantôt cent ans, ils se sont montrés trop souvent des gâte-métier.


René Belloc.